La Chine trace sa route

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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La Chine n’est plus la locomotive de l’Occident. Elle trace sa route et suit ses propres intérêts. Mais sa politique intérieure a un impact grandissant sur l’économie mondiale.

Trente ans au pas de course: réformes de Deng Xiaoping à partir de décembre 1978 (les «Quatre Modernisations» du pays), adhésion à l’OMC en décembre 2001 et relance massive des investissements – et de l’endettement - en 2008. Durant cette période la Chine s’est ouverte et transformée en locomotive économique mondiale. 

L’objectif poursuivi était clair: assurer l’indépendance économique du pays, lui redonner sa place internationale au centre du concert des nations; et préserver la survie du Parti Communiste Chinois en lui évitant le sort de son homologue soviétique. Ces années ont métamorphosé le pays mais n’ont pas changé sa vision profonde: après un siècle d’humiliation (1850-1949), le suivant sera celui de son retour. 

A l’intérieur, les sanctions contre les plateformes type Didi, Tencent ou Alibaba, masquent le soutien sans faille à la «deep tech» chinoise.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, la divergence entre la Chine et l’Occident se fait plus sensible. Le pays revendique de poursuivre ses propres intérêts. Trois tendances assumées par les autorités sont désormais à l’œuvre.

La première est l’affirmation de soi face au reste du monde. Les sanctions américaines visant la Chine et plus spécialement le secteur technologique le plus avancé ont suscité un renforcement des programmes visant à doter le pays de ses propres capacités, de ses propres normes, et de son cercle d’influence. 

Pour soutenir les Routes de la Soie, elle a créé la banque asiatique d’investissement pour les infrastructures en 2014, concurrençant la Banque Mondiale. Et la candidature officielle, le 16 septembre dernier, pour rejoindre le partenariat Trans Pacifique bâti à l’initiative des américains avant que ceux-ci ne s’en écartent, confirme ses ambitions de devenir le seul pivot économique de la région. A l’intérieur, les sanctions contre les plateformes type Didi, Tencent ou Alibaba, masquent le soutien sans faille à la «deep tech» chinoise dans le sillage de Huawei, qui développe à marche forcée les normes technologiques chinoises du futur.

La Chine n’hésite pas à fermer des infrastructures portuaires ou des usines en cas de suspicion de COVID-19, aggravant les pénuries.

Deuxième tendance: la prévalence des objectifs de stabilité et d’harmonie intérieure sur l’intégration dans les chaines de valeurs mondiales. La Chine n’hésite pas à fermer des infrastructures portuaires ou des usines en cas de suspicion de COVID-19, aggravant les pénuries. Et donne l’instruction au géant immobilier Evergrande, en difficulté financière, de privilégier les relations avec ses fournisseurs locaux et l’achèvement des constructions à destination de ses clients internes, et non ses relations avec les créanciers de marché.

Dernière tendance: favoriser «l’économie double flux» et la hausse des salaires pour pousser la consommation intérieure et l’émergence de marques nationales. En 10 ans, les salaires industriels chinois ont été multipliés par trois. Le pays exporte désormais son inflation vers le reste du monde.

La Chine affirme ses ambitions, fière de son modèle et de son histoire. Elle trace sa route et le reste du monde va devoir s’y faire.

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