L’Union européenne en pole position

Peter De Coensel, Degroof Petercam Asset Management

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L’euro se profile désormais comme une monnaie de réserve qui viendra concurrencer les autres et notamment le dollar.

Le marché des changes a visiblement été le premier à réagir à l’accord du Conseil européen sur le budget pluriannuel de l’UE et le fonds de relance européen. L’euro s’est apprécié vis-à-vis de la plupart des devises des pays développés et émergents. Du mardi 21 juillet, date de la conclusion de l’accord, à la fin de la semaine, la devise européenne s’est appréciée d’environ 2% par rapport au dollar. Un mouvement aussi rapide mérite qu’on s’y arrête: comment expliquer en effet un tel ajustement dans un environnement où les marchés des taux, du crédit et des actions étaient plutôt léthargiques?

Un euro qui affiche sa force pourrait constituer en quelque sorte un argument en faveur de la monnaie unique. Elle gagnerait ainsi le statut de monnaie de réserve. Cela ne signifie pas pour autant que le dollar va quitter sa position de monnaie de réserve internationale incontestée, mais cela veut dire que l’euro pourrait accroître sa part dans le marché mondial des devises de réserve.  

Un concurrent pour les bons du Trésor

Dès 2021, l’UE, par l'intermédiaire de la Commission européenne, commencera à émettre des obligations du fonds de relance européen, titres assortis d’échéances allant de trois à trente ans. Nous allons donc assister à la naissance d'un marché européen d'obligations sûres, liquides et de qualité (AAA) qui viendra directement concurrencer celui des bons du Trésor américain. Ainsi, les doutes quant à la survie de l’euro ont été définitivement levés à la suite de l’accord conclu le 21 juillet dernier. L’avenir de la monnaie unique apparaît désormais sous un jour meilleur et le marché intègre dans les cours son surclassement en monnaie de réserve.

L’Europe a pris la pole position au niveau mondial en ce qui concerne
la solidarité, la démocratie et l'espoir d'un avenir meilleur.

Simultanément, la montée continuelle des tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine isole davantage les États-Unis que la Chine. Le dollar a été la principale monnaie de réserve pendant une grande partie du XXe siècle et au début du XXIe. Le consensus table de manière réaliste sur le fait que la Chine devancera les Etats-Unis et deviendra la première économie au monde durant cette décennie. Il est difficile de positionner les portefeuilles en fonction d’un horizon aussi long, cependant il pourrait être nécessaire de trouver un nouvel équilibre entre l’euro et le dollar dans le panier des monnaies de réserve.

L’alternative du yen

Cela dit, une exposition suffisante au dollar reste indispensable pour optimiser la diversification des portefeuilles et c’est au gérant qu’il appartient de définir le pourcentage qu’il considère comme « suffisant ». Par souci d’exhaustivité, il convient également de mentionner la capacité du yen à absorber les fortes fluctuations des marchés financiers durant les périodes de montée de l’aversion au risque. Cela n’a pas vraiment été le cas ces trois derniers mois, mais sur un horizon plus long, le yen, demeure, après le dollar américain, une monnaie refuge de choix.

En conclusion, l'Union européenne et la zone euro ont franchi une étape historique le 21 juillet 2020 et la naissance d'une obligation européenne «sûre» est devenue une réalité. Les investisseurs devraient accueillir ce changement comme il se doit, car l’Europe a pris la pole position au niveau mondial en ce qui concerne la solidarité, la démocratie et l'espoir d'un avenir meilleur.

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