L’or brille à nouveau

Jacques Henry, SILEX

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La détente sur les taux réels et l’affaiblissement du billet vert ont soutenu les cours de l’or mais ne peuvent pas tout expliquer.

La semaine passée les principaux actifs financiers ont progressé en particulier les actions et les obligations qui ont bénéficié de la baisse des taux d’intérêts. Cette baisse des taux crée un gain en capital sur les obligations alors qu’elle soutient les valorisations actions devenues élevées, en particulier aux Etats-Unis. Une fois n’est pas coutume mais les actions européennes ont même surperformé les actions américaines. Pourtant ce ne fut pas la principale surprise de la semaine car c’est l’or qui a de loin affiché la meilleure performance, avec une progression de près de 6%. Quels sont les facteurs qui ont permis à l’or de tirer son épingle du jeu?

Le premier facteur d’explication se retrouve dans le dollar américain. En effet, celui qui reste une devise structurellement forte depuis plus de 15 ans, s’est quelque peu déprécié début mars. Sans avoir vécu de véritable cycle de dépréciation depuis longtemps, le billet vert reste historiquement cher en parité de pouvoir d’achat. Le processus de désinflation qui s’accélère en Europe, et confirmé par la dernière réunion de la BCE du 7 mars, a permis à l’euro de se renforcer par rapport au dollar. Ainsi le cours du dollar par rapport à un panier de devises de pays développés s’est légèrement déprécié sur la semaine. L’or, quant à lui, a bénéficié de cette tendance négative sur le dollar pour se renforcer. Cette relation or – dollar est en place depuis très longtemps. L’or est en quelque sorte la devise ultime qui se comporte bien lorsque le dollar se comporte moins bien.

La hausse du cours de l’or est allée bien au-delà de l’affaiblissement du dollar et de la baisse des taux réels. 

Le second facteur provient du niveau des taux d’intérêts qui se sont doucement détendus. Historiquement, une baisse des taux réels est favorable au prix du métal jaune. En effet, l’or est un des rares actifs qui ne produit pas le moindre flux, pas de coupon, comme une obligation, ni de dividende, comme une action. Ainsi, le coût d’opportunité de détention de l’or a beaucoup augmenté depuis la hausse des taux d’intérêts, suite à la résurgence de l’inflation après le covid et la phase de resserrement monétaire des banques centrales depuis bientôt deux ans. La récente baisse des taux, au contraire, a soutenu le cours de l’or ces dernières semaines.

Cependant, la hausse du cours de l’or est allée bien au-delà de l’affaiblissement du dollar et de la baisse des taux réels. Il faut trouver d’autres éléments pour expliquer ce regain d’intérêt. On peut considérer que dollar américain et taux réels ont été les facteurs court terme mais que les achats des banques centrales restent le facteur long terme. Les dernières données à fin janvier montrent les banques centrales restent des acheteurs structurels d’or. D’ailleurs, en janvier ces achats ont eu lieu alors que pratiquement aucune vente n’a été enregistrée. Nous ne disposons pas d’informations sur une accélération des achats d’or par les banques centrales en février et mars. Une explication potentielle pourrait également provenir du marché des ETFs. Ceux-ci sont devenus au fils des années une proposition attractive pour s’exposer à l’or physique. Or, ces ETFs ont été structurellement vendeurs depuis bientôt 2 ans, et les mois de janvier et février n’ont pas fait exception. La force du rebond de début mars pourrait provenir d’une nouvelle collecte dans les ETFs. Les prochaines statistiques nous permettront de mieux comprendre quel a été l’acheteur marginal en ce début du mois de mars. A suivre.

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