Les acteurs qui profitent de l’électrification

Thibault Morel, SILEX

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Retour sur les enjeux économiques, politiques et industriels cruciaux qui sous-tendent la transition énergétique.

L'histoire de l'électrification est souvent décrite au travers du prisme des préoccupations environnementales - en particulier le réchauffement climatique -, exposant ce récit à la fragilité des changements d'opinion des consommateurs et aux fluctuations politiques. Nous pensons que l'électrification est motivée par un facteur beaucoup plus stable et puissant, qui la renforce en tant que tendance séculaire: le besoin de souveraineté énergétique.

En effet, la dépendance aux pays exportateurs d'énergie est le talon d'Achille des pays occidentaux. Tout d'abord, l'énergie est le principal fardeau de leur balance commerciale: les importations d'énergie ont pesé 700 milliards d'euros sur la balance commerciale de l'UE en 2022. Les importations d'énergie constituent également une vulnérabilité géopolitique majeure qui met les pays occidentaux à la merci de quelques pays étrangers exportateurs d'énergie. Cette situation a été illustrée par le chantage au gaz de la Russie en 2022, qui continue d'affecter les industries européennes, en particulier allemandes.

Pour alléger ce fardeau énergétique, les gouvernements se sont tournés vers une forme d'énergie bon marché, abondante et facile à trouver localement: l'électricité. Les Etats orientent donc les efforts fiscaux (souvent sous forme de subventions à la production et aux consommateurs, ou de taxes - comme les crédits carbone) vers cette technologie dans les secteurs les plus consommateurs d'énergie importée: les transports (le pétrole est importé dans la plupart des pays occidentaux), l'industrie (consommatrice de pétrole et de gaz) et le résidentiel (le gaz pour le chauffage par exemple). Les gouvernements occidentaux doivent également s'adapter à l'émergence de nouveaux cas d'utilisation de l'électricité, comme la demande explosive de datacenters, qui consomment beaucoup d'électricité.

L'énergie nucléaire revient sur le devant de la scène: les pays occidentaux se sont engagés à tripler la production d'électricité d'origine nucléaire d'ici 2050. 

Dans chacun de ces cas, certaines entreprises fournissent des équipements ou des services essentiels à l'électrification de l'économie. Dans l'industrie automobile, les fabricants de véhicules électriques (VE) sont parmi les plus importants facilitateurs de l'électrification. Le secteur des transports est en effet un important importateur d'énergie. Le secteur résidentiel est également au cœur des projets d'électrification des gouvernements: (i) les maisons consomment de grandes quantités de gaz de chauffage importé et (ii) sont inefficaces sur le plan énergétique (fuites de chaleur dues à une mauvaise isolation). Schneider Electric est l'un de nos top picks adressant ces marchés: l'électrification des bâtiments commerciaux et résidentiels représente 40% de l'activité de Schneider, offrant de fortes marges (18% d'EBIT) grâce à la différenciation historique du groupe par la qualité et la durabilité reconnues de ses produits. Les perspectives de croissance de Schneider sont estimées à 6-8%/an à moyen terme.

La forte demande en électricité engendrée par l'électrification de l'économie apporte son lot de défis. En effet, cette demande exerce une forte pression sur les réseaux électriques. Dans certains pays comme l'Irlande, les datacenters représentent par exemple jusqu'à un tiers de la demande d'électricité. Les fournisseurs d'équipements qui aident à contrôler cette consommation sont donc essentiels. Parmi eux, nous privilégions des acteurs tels que Vertiv, qui assemble des systèmes d'alimentation intégrés, des équipements de refroidissement de précision pour les datacenters, contribuant ainsi à limiter l'empreinte énergétique du client en offrant des solutions de power management très efficaces. L'activité devrait croître de +9% par an au cours des deux prochaines années, et sa marge d'EBIT progresser au-dessus des 15% à moyen-terme.

Enfin, cette transition énergétique nécessitera la production de beaucoup plus d'électricité pour répondre aux différentes demandes finales qui ne cessent de croître. Alors que les années 2010 ont été marquées par la volonté politique de faire monter en puissance les énergies intermittentes telles que l'éolien et le solaire, les événements récents ont démontré que si ces technologies sont utiles, l'économie a besoin d'énergies pilotables produites en masse. Dans ce contexte, l'énergie nucléaire revient sur le devant de la scène: les pays occidentaux se sont engagés à tripler la production d'électricité d'origine nucléaire d'ici 2050. Parmi les acteurs de l'énergie nucléaire, Constellation Energy fait partie des valeurs de qualité. Constellation est le plus grand producteur américain d'électricité nucléaire, avec 13 centrales nucléaires qui produisent 20 % de l'électricité nucléaire totale des États-Unis. Il joue un rôle clé dans l'indépendance stratégique des États-Unis en matière d'énergie. Plusieurs éléments stabilisent la génération de flux de trésorerie de Constellation: (i) elle bénéficie de planchers sur les prix du MWh convenus avec le gouvernement américain et indexés sur l'inflation ; (ii) elle reçoit des subventions sous la forme de crédits environnementaux. (iii) Sa flotte de réacteurs est également l'une des plus qualitatives, avec le plus grand potentiel d'allongement de sa durée de vie.

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