Les investisseurs restent positifs quant à la valeur boursière que le Generative AI devrait créer dans le secteur des logiciels.
Plusieurs entreprises ont fait des annonces ces dernières semaines qui montrent que le Generative AI réalise aujourd’hui des tâches d’automatisation considérées comme impossibles il y a encore un an et élabore des raisonnements que les ingénieurs n’ont pas pu anticiper. Dans ce contexte, les acteurs du marché se focalisent sur l'éventail des segments et des entreprises concernés par l’IA (en général) et le Generative AI (en particulier).
ServiceNow, par exemple, a démontré clairement lors de son événement "Capital Markets Day" en mai dernier comment elle allait utiliser le Generative AI pour augmenter la valeur apportée à ses clients dans son cœur de métier: l'automatisation des processus de gestion interne des entreprises. Son partenariat stratégique avec Nvidia a été promu avec force et conviction par Bill Mc Dermott (CEO de ServiceNow) et Jensen Huang (CEO de Nvidia). Cette valeur ajoutée se traduira par une augmentation des prix des abonnements SaaS vendus par ServiceNow à ses clients.
SAP et Atlassian, pour leur part, ont choisi la voie des partenariats avec Open AI (et donc indirectement Microsoft) pour mettre en œuvre des modules de Generative AI dans leurs cœurs de métier respectifs. La valeur ajoutée est ici clairement perceptible.
Enfin, Elastic vise à se différencier, grâce à son «Elastic Search Relevance Engine» et à son approche de vectorisation des bases de données, qui permettra aux entreprises clientes de créer leur propre LLM («Large Language Model», c'est-à-dire un modèle d'IA dans la lignée de ChatGPT), mais sur base de leurs propres données (et pas nécessairement des données Internet).
Nvidia est l'un des grands gagnants du secteur de la conception de puces pour l'intelligence artificielle. D’ailleurs, le cours de l'action l'a démontré de manière impressionnante au printemps dernier. En l'espace de quelques heures, Nvidia a créé une valeur boursière près de deux fois supérieure à celle du groupe Airbus, alors qu'elle ne compte que 11’000 employés et que ses puces sont fabriquées par des sous-traitants à Taïwan. Le leader mondial des processeurs graphiques (GPU) a largement bénéficié de prévisions financières solides, s’attendant à un chiffre d'affaires d'environ 11 milliards de dollars pour le deuxième trimestre. L'écart considérable (près de 50%) entre ce chiffre et les attentes du marché (les analystes n'attendaient que 7,2 milliards de dollars) a montré à quel point les investisseurs sous-estimaient nettement le rythme de croissance de l'IA.
C'est bien l'IA qui tire le développement de Nvidia: ses clients, en particulier les grands acteurs du cloud (Microsoft, Google, Oracle, Amazon, etc.), se tournent clairement vers les puces haut de gamme de Nvidia, comme la puce H100 (qui embarque 80 milliards de transistors dans un seul élément), malgré son prix unitaire de 40’000 dollars. Les performances des GPU de Nvidia sont parmi les meilleures du marché. Elles sont essentielles pour répondre à la croissance exponentielle des besoins en puissance de calcul générée par le Generative AI. Parallèlement, d'autres clients de Nvidia augmentent également leurs investissements dans leurs propres centres de données, en achetant des GPU et d'autres composants d'accélération de calcul à Nvidia.
Face à l'engouement suscité par les annonces de Nvidia, l'entreprise de jeux vidéo Take-Two est un exemple d'entreprise moins connue. Bien que positivement exposée à l'IA générative, cette entreprise montre qu'elle ne représentera pas 100% des critères de sa réussite future. Le PDG de Take-Two, Strauss Zelnick, est enthousiaste à l'égard de l'IA générative, insistant sur le fait qu'elle augmentera l'efficacité de son activité principale. Pourtant, il souligne que les jeux «à succès» continueront d'être créés par des génies humains (en d'autres termes, la somme de longs ensembles de données et de grandes capacités de calcul n'émulera pas le génie humain, même dans le cas des LLM). Il s'agit d'une position assez anti-consensuelle dans l'industrie des médias (un groupe comme Disney a une vision à l'opposé du spectre, investissant massivement dans l'IA pour créer ses superproductions, par exemple).