Un affaiblissement des services en Europe

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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L’écart de confiance industrie-services n’est pas soutenable.

Depuis le début de l’année, la confiance des directeurs d’achat européens a divergé entre les services (en hausse, en zone d’expansion de l’activité) et l’industrie (en baisse, en zone de contraction). Des petits écarts sont monnaie courante, mais cette fois la divergence est sans précédent. L’écart est de 10 points pour la zone euro, près de 15 points pour l’Allemagne. Sans doute, il y a des facteurs spécifiques à l’œuvre. L’industrie a beaucoup profité du boom de la demande de biens en 2021, elle en subit désormais le contrecoup. La rechute des prix industriels, là encore après un boom, n’arrange rien. Dans un secteur plus intensif en capital, le durcissement de la politique monétaire pèse sur les décisions d’investissement. A court terme, on peine à voir la fin du marasme industriel: les hausses de taux ne sont pas finies, la Chine est à la peine (au point qu’il est question désormais de mesures de relance), et l’économie US continue de flirter avec la récession. A l’opposé, les services plus durement touchés au début de la pandémie sont encore en rattrapage. Etant moins exposés à la concurrence internationale, les entreprises concernées ont sans doute plus de pricing power que dans l’industrie. Toutefois, les chocs adverses sur le pouvoir d’achat des ménages et les conditions de crédit ne peuvent manquer de se diffuser aussi dans les services. L’écart de confiance industrie-services n’est pas soutenable. On peut craindre que l’ajustement se fasse surtout par l’affaiblissement des services.

En France, le moral des entreprises est retombé en mai sur sa moyenne historique, au plus bas depuis le printemps 2021.

En Allemagne, les effets de base restent favorables à une nette modération de la hausse des prix de production. C’est dû en large partie mais pas uniquement à la rechute des prix de l’énergie. Les enquêtes auprès des entreprises industrielles montrent qu’elles ont fortement revu vers le bas leurs perspectives de prix de vente. En France, le moral des entreprises est retombé en mai sur sa moyenne historique, au plus bas depuis le printemps 2021. Ces derniers mois, les indices de retournement du cycle ont chuté, exprimant une montée des risques baissiers. Les intentions d’embauche quoique toujours hautes ont reculé aussi. L’INSEE prévoit désormais une hausse du PIB réel de seulement 0,1% t/t au deuxième et au troisième trimestre.

Durcissement monétaire en Angleterre

Ces derniers mois, les indices de prix ont surpris à la hausse, en particulier en ce qui concerne l’inflation sous-jacente. De même pour les récentes données de salaires. La Banque d’Angleterre ne peut rester sans rien faire. Face à une inflation élevée (>8,5%) et un marché du travail dont la vigueur ne se dément toujours pas, Elle ne peut que monter à nouveau ses taux (+25 points de base attendu, à 4,75%). Ce sera la 13ème fois dans ce cycle. Les marchés attendent que le durcissement monétaire se poursuive jusqu’à la fin de l’année 2023, avec un taux directeur approchant 6%!

Au Japon, l’indice avancé de l’inflation à Tokyo s’est un peu modéré en mai. Le même résultat est attendu pour l’indice national. Dans ces conditions, la Banque du Japon semble toujours résolue à prendre son temps avant de procéder à une éventuelle normalisation monétaire.

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