L’avenir de l’automobile n’est pas celui de l’industrie automobile

Klaus Kaldemorgen, DWS

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La compétence numérique va remplacer la compétence de production. La bourse a déjà intégré la nouvelle voie.

Commençons par la bonne nouvelle: l’automobile n’est pas morte, mais a juste un peu vieilli et suit actuellement une cure de jouvence. L’automobile du futur roulera sans rejeter d’émissions, l’intelligence artificielle assistant tout d’abord le conducteur pour ensuite permettre une conduite autonome. Elle deviendra en définitive un gigantesque fournisseur de données en réseau, soutenant tout un écosystème de services.

La mauvaise nouvelle, c’est que les constructeurs automobiles ne profiteront que de façon très restreinte de l’évolution fonctionnelle de l’automobile. La compétence numérique va en effet remplacer la compétence de production et les performances des ingénieurs. Et cette compétence numérique, on ne la trouve généralement pas chez les constructeurs automobiles bien établis, mais plutôt chez les fournisseurs de plateformes numériques ou les grandes sociétés de conception de logiciels. Le développement d’une compétence numérique revient cher et ne devient rentable que grâce à des économies d’échelle pratiquement inaccessibles pour la plupart des constructeurs automobiles. On produit par exemple chaque année près de 250 millions d’ordinateurs personnels au sens large du terme alors que la production de véhicules particuliers culmine à environ 83 millions d’unités. On imagine donc difficilement que chaque constructeur automobile puisse concevoir son propre système d’exploitation pour équiper ses différents modèles. On ne sera par contre pas surpris d’apprendre que Sony a présenté sa propre voiture électronique lors du salon technique CES de Las Vegas. L’entreprise est probablement moins intéressée par la voiture elle-même que par l’électronique et les logiciels qu’elle abrite. Amazon lance par ailleurs actuellement une initiative visant à intégrer l’assistant vocal Alexa dans des voitures, ce qui permettra d’y proposer également du commerce électronique, sous toutes ses facettes. 

Ces quelques exemples démontrent que la valeur ajoutée de la partie numérique d’une voiture va sans cesse augmenter et que ceux qui souhaitent participer à cette évolution doivent plutôt miser sur les spécialistes du numérique plutôt que sur les constructeurs établis. Il en va de même pour l’industrie de la sous-traitance où la numérisation constitue également un sérieux atout. Bosch a déjà annoncé son intention d’équiper l’ensemble de ses produits d’une forme d’intelligence artificielle d’ici 2025. Les principaux bénéficiaires de cette tendance sont les spécialistes en semi-conducteurs qui se concentrent sur la production de puces spécifiquement conçues pour l’automobile. Cela consiste souvent à relier entre eux les mondes analogique et numérique, par exemple en connectant des capteurs à la puissance de calcul correspondante. Même les voitures équipées de batteries exigent elles aussi un système électronique très complexe pour assurer la gestion de l’énergie, la puissance de calcul des voitures augmentant rapidement depuis plusieurs années. L’image du «smartphone sur quatre roues» n’est donc plus aussi improbable qu’on pourrait le penser. 

La bourse a bien entendu déjà intégré l’évolution des parts de valeur ajoutée et la dynamique de croissance à l’évaluation des entreprises concernées. Alors que les constructeurs automobiles traditionnels doivent déjà se contenter d’un ratio cours/bénéfice (C/B) à un seul chiffre, les spécialistes du numérique enregistrent pour leur part un ratio C/B de 30.

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