L'économie récupère grâce au soutien monétaire et budgétaire

Esty Dwek, Natixis Investment Managers Solutions 

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Néanmoins, une dégradation à court terme due aux nouveaux variants ne peut être exclue.

Février a été un mois relativement calme jusqu'à présent, avec des nouvelles encourageantes sur la pandémie, en dépit d'un démarrage lent des programmes de vaccination, et de bons résultats d’entreprises. Cela a soutenu les marchés actions, qui ont fortement rebondi et atteint à nouveau des niveaux record. Nous pensons que l'économie va continuer à récupérer grâce au soutien monétaire et budgétaire ainsi qu'à l'assouplissement progressif des restrictions, ce qui devrait aider à soutenir les marchés.

Néanmoins, une dégradation à court terme due aux nouveaux variants ne peut être exclue. L'Allemagne a prolongé son confinement actuel jusqu'à mi- mars et le Royaume-Uni a durci les restrictions sur le retour des passagers. Sur une note positive, les cas et hospitalisations continuent de reculer dans la plupart des pays développés. La France, l'Italie et l'Espagne, par exemple, ont déjà commencé à rouvrir progressivement leurs économies.

L'inflation devrait augmenter dans les prochains mois,
mais ce mouvement ne devrait pas durer.

Aux États-Unis, les chiffres de l'inflation et de l'emploi ont été inférieurs aux attentes en janvier, les demandes de chômage restant nettement supérieures aux niveaux d'avant pandémie. L'inflation a baissé de 1,6% à 1,4% et l'inflation cœur est restée stable pour le deuxième mois consécutif. Les anticipations d'inflation continuent d'augmenter avec le plan de dépenses de l'administration Biden, ainsi qu'une demande «en attente» (et les effets de base). L'inflation devrait augmenter dans les prochains mois, mais ce mouvement ne devrait pas durer, la Réserve fédérale le considèrant comme transitoire.

Le plan de sauvetage américain de 1,900 milliards de dollar du président Biden n’ayant pas de soutien des républicains, le Sénat a approuvé une résolution budgétaire qui permettra un suivi rapide de l'approbation, maintenant attendu à la mi-mars, même si elle sera encore probablement inférieure au montant de départ. D’autre part, M. Trump a été acquitté d'avoir incité les émeutes du Capitol, bien que sept Républicains aient voté avec les Démocrates pour condamner, pour un total de 57-43, toujours en dessous de la majorité de deux tiers nécessaire à la condamnation.

L'ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi est devenu le nouveau Premier ministre italien, après avoir obtenu le soutien de la plupart des forces politiques du pays. Son arrivée a été accueillie positivement par les marchés financiers: le FTSE MIB a progressé de plus de 8,5% (faisant de ce dernier le marché développé le plus performant) et le rendement du BTP a baissé de 17 bp depuis le début du mois.

La faiblesse du dollar devrait être plus modérée à l'avenir.

L’indice DXY a reculé après son récent rebond avec le retour de l'appétit pour le risque. Toutefois, la faiblesse du dollar devrait être plus modérée à l'avenir, une grande partie de cette tendance étant déjà réalisée. En effet, avec une croissance plus élevée, des bénéfices plus élevés et des rendements plus élevés, un soutien sous-jacent devrait subsister, et le dollar devrait s'adoucir plutôt face aux devises émergentes. L'or reste coincé dans une fourchette de 1800 à 1850 dollars l'once, une reprise de la demande est anticipée avec la réouverture des marchés émergents, des rendements réels américains négatifs et des anticipations d'inflation plus élevées.

Vues de marché

Après avoir été mis sous pression fin janvier, les marchés actions ont fortement rebondi et ont atteint de nouveaux record, soutenus par les anticipations de relance budgétaire, les progrès de la vaccination et de bons résultats du quatrième trimestre 2020.

Au niveau sectoriel, les services de communication ont surperformé au sein du S&P500, suivis par l’énergie, tandis que le secteur de la consommation discrétionnaire est resté à la traîne. Les petites et moyennes capitalisations, qui ont largement surperformé depuis le début de l'année, ont surperformé les grandes capitalisations. En Europe, le rebond a été principalement tiré par les financières, en hausse de plus de 10%. De plus, les marchés chinois ont rebondi à l'approche de la fête du Nouvel An Lunaire. L'Asie émergente devrait continuer à bénéficier de la croissance de la Chine, de l'accord de libre-échange régional et d'une meilleure gestion de la situation sanitaire.

Des résultats au-dessus des attentes

Sur les 74% de sociétés du S&P500 ayant publié leurs résultats du quatrième trimestre 2020 à la semaine dernière, 80% ont publié des résultats réels supérieurs aux estimations (dépassant de 15,1%). Parmi les meilleures contributions, on trouve les financières, la technologie et les services de communication. En conséquence, le taux de croissance des bénéfices pour le quatrième trimestre 2020 devrait être de 2,9% en glissement annuel, contre une baisse de 9,3% initialement attendue. En Europe, 20% des sociétés du Stoxx600 ont publié leurs résultats à la semaine dernière, 72% ont dépassé les prévisions. Actuellement, le taux de croissance des bénéfices pour le quatrième trimestre 2020 devrait être de -18% en glissement annuel, comparé à un déclin de près de 27% initialement attendu.

L'Asie émergente devrait continuer à bénéficier de la croissance de la Chine.

Les rendements obligataires américains ont poursuivi leur hausse malgré une inflation plus faible que prévu: le 10 ans a atteint 1,2%, le 30 ans 2%. La courbe des taux s'est pentifiée pour atteindre son plus haut niveau depuis début 2017, avec un spread de 112 points de base entre 2 et 10 ans. Jusqu'à présent, la hausse des rendements a été menée par la réouverture, la consommation et la hausse des anticipations d'inflation. En Europe, les courbes de taux se sont également pentifiées, mais dans une moindre mesure. Dans ce contexte, le risque de crédit reste à privilégier par rapport au risque de duration, en favorisant l'augmentation du portage sur le crédit, même s'il y a moins de marge de compression suite aux fortes performances.

Les spreads de crédit se sont encore resserrés en février. Les spreads IG et HY US se sont resserrés de 6 pb et 39 pb respectivement, les spreads IG et HY européens de 6 pb et 31 pb, et CEMBI IG et HY de 13 pb et 22 pb. Un potentiel de resserrement supplémentaire demeurer envisageable et une certaine marge d'absorption de la hausse des taux souverains. Des opportunités sont également visibles dans la dette corporate des marchés émergents en devise forte, où le portage est attractif et où il y a plus de marge de compression des spreads.

Dans l'ensemble, il s’agit de rester constructif par rapport aux actifs risqués, alors que la rotation vers les cycliques va continuer à s'accélérer dans les semaines à venir. Prudence sur les dettes souveraines, même si les taux ne devraient remonter que progressivement et, s'ils venaient à remonter trop rapidement, la Fed agirait pour les plafonner.

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