Janvier: le mois de l’ABS-tinence

Ben Hayward, TwentyFour AM

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Le début de l’année a été marqué par la quasi-absence de nouvelles émissions d’ABS ce qui a incité les investisseurs à la retenue, faute de visibilité.

Le mois de janvier est généralement le mois «sans»: qu’il s’agisse d’alcool ou des produits d’origine animale, on se prive de quelque chose. Le marché des ABS européens, les «asset backed securities», semble avoir pris la chose particulièrement à cœur cette année puisqu’aucune opération n’a été enregistrée sur le marché primaire des ABS liés à la consommation. A une exception près, Credit Suisse Asset Management a émis un CLO (obligations adossées à des prêts senior garantis), le Cadogan Square 13.

C’est ainsi que, du fait de cette seule opération, le volume de l’ensemble des opérations de titrisation concernant les segments de la consommation  (prêts hypothécaires, cartes de crédit, automobiles, prêts étudiants, etc.) et des  prêts aux entreprises (prêts hypothécaires commerciaux et prêts à effet de levier) a atteint 509 millions d’euros. Comme nous l’avions annoncé dans le cadre de nos prévisions pour l’année 2019, cette situation n’a rien d’étonnant et présente l’avantage d’offrir un soutien technique au marché des ABS.

Les investisseurs n’ont guère été enclins
à réduire leurs positions.
Pics d’échanges fin 2018

Le marché secondaire a été plus animé,  du moins si on le mesure à l’aune des données BWIC (Bids Wanted In Competition), qui reflètent la liquidité du marché et les volumes d’échange. L'année passée, lorsque le marché des ABS a finalement vu sa  volatilité évoluer partiellement de concert avec celle des autres marchés  et que les pupitres de négociation des banques ont cessé de fournir des liquidités, les flux mesurés par les BWICs ont repris. Les volumes échangés par les investisseurs en ABS ont atteint environ 2 milliards d'euros par mois en novembre et décembre, des volumes nettement supérieurs à la moyenne mensuelle de 1,3 milliard d’euros, enregistrée entre de janvier et octobre 2018.

Attentisme en janvier

Ce flux a nettement ralenti en janvier: le volume hebdomadaire a atteint un pic d'environ 700 millions d'euros au cours de la deuxième semaine et puis il s’est pratiquement réduit de moitié en une semaine et s’est maintenu à ce niveau durant 15 jours. Par conséquent, au 25 janvier, le volume total n’atteignait que 1,4 milliard d'euros. De toute évidence, les investisseurs n’ont guère été enclins à réduire leurs positions et nous avons même pu constater que certains traders bancaires étaient prêts à prendre davantage de risques ainsi qu’une plus grande partie de la marge de négociation.

Les investisseurs manquent d’indicateurs tels que les niveaux de souscriptions
et les prix auxquels des opérations de référence pourraient être négociées.

Cette réduction des ventes s’explique en partie par l'absence de nouvelles émissions: en effet, pourquoi vendre si l’on sait qu'il sera difficile de réinvestir? Mais bien que les spreads aient commencé à se resserrer par rapport aux niveaux élevés qu’ils avaient atteints en novembre et décembre durant la période de forte volatilité, ce mouvement de resserrement a été de bien moindre ampleur que celui observé sur les marchés des obligations d’entreprises et des prêts à effet de levier.

Ce décalage s'explique également  en partie par l'absence d'émissions primaires. Faute de nouvelles opérations, les investisseurs manquent d’indicateurs tels que les niveaux de souscriptions et les prix auxquels des opérations de référence pourraient être négociées.  

Par conséquent, bien que les spreads restent encore élevés en comparaison de ces dernières années, nous pensons que l’arrivée d’opérations sur le marché primaire permettrait de donner une orientation au marché et pourrait réduire assez rapidement l'opportunité de valeur relative.

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