Un grand jour pour les données américaines et l'orientation du marché

Felipe Villarroel, TwentyFour AM-Vontobel AM

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TwentyFour AM table sur une certaine baisse des chiffres du marché du travail qui seront publiés ce vendredi 1er février.

Vendredi 1er février sera un grand jour pour l'économie américaine. Les données sur le marché du travail sous forme de salaires non agricoles, de chômage et de gains horaires moyens seront publiées à 13h30 GMT, suivi 90 minutes plus tard, par l'indice ISM manufacturier et les indicateurs de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan. Toutes ces données de niveau 1 pourraient changer le cours de la reprise enregistrée depuis le début de l’année. Pour le meilleur ou pour le pire. Nous sommes d'avis que les «sell-off» au quatrième trimestre de 2018, en particulier en décembre, représentaient une baisse intra-cycle plutôt que le début de la fin. L’annonce des données de vendredi aura ainsi une incidence capitale sur la réorientation de notre stratégie.

L'inflation des salaires atteint
son plus haut niveau en neuf ans à 3,2%.

Le consommateur américain représente les deux tiers de la demande globale de l'économie. A ce titre, il est le composant le plus important du PIB américain, qui est d’ailleurs actuellement en assez bonne santé. Jérôme Powell, Ben Bernanke et Janet Yellen l'ont réitéré plus d'une fois dans leur forum des présidents de la Fed le 4 janvier dernier. L'inflation est faible à 1,9%, mais l'inflation des salaires atteint son plus haut niveau en neuf ans à 3,2%. Pourtant les conditions financières restent satisfaisantes, bien qu'elles se sont repliées en décembre à la suite des «sell-off» généralisés sur les marchés financiers.

Pour ce qui concerne le marché du travail, nous nous attendons à une certaine baisse des chiffres surtout après le rapport fortement haussier que nous avons reçu le même jour que le forum de la Fed. Le nombre des emplois non agricoles est certes encourageant, mais nous ne nous attendons pas à ce que les 312’000 emplois créés le mois dernier se renouvellent. Comme l'inflation reste faible, nous supposons qu'un taux de croissance horaire moyen inchangé d'environ 3,2% serait le point idéal pour les marchés; avec une saine croissance réelle des revenus, qui ne se déroberait pas en provoquant des effets secondaires. Ces éléments confortent la Fed de rester prudente avec les taux à court terme, un ingrédient déterminant dans le puissant redressement que nous avons connu cette année.

Pas de réel renversement de tendance.
Mais plutôt un rythme beaucoup plus lent et moins volatile.

La confiance des consommateurs est liée au nombre d’emplois disponibles et leur rémunération. Toutefois, en période de tensions sur les marchés, lorsque les bourses dégringolent, la confiance des consommateurs a tendance à ralentir avec un temps de retard. L'indice préliminaire de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan pour le mois de janvier (publié le 18 janvier) a montré une forte baisse, passant de 98,3 à 90,7. Le chiffre final sera publié vendredi, mais le consensus de Bloomberg table sur un chiffre légèrement meilleur que le communiqué précédent. Depuis les publications initiales, le redressement s'est essoufflé. Nous n'avons pas réellement assisté à un renversement de tendance, mais plutôt à un rythme beaucoup plus lent et moins volatile. Nous avons l'impression que ce chiffre pourrait être plus élevé que le consensus le prévoit, vu la tendance à la stabilisation que nous avons constatée dans la seconde moitié du mois.

Dernier point, et non des moindres, l’indice manufacturier ISM. Bien que le chiffre absolu de 54,1 en décembre n'ait pas été si mauvais, deux questions dans le rapport ont effrayé les marchés. Tout d'abord, la forte baisse par rapport au chiffre révisé de 58,8 en novembre a été la plus importante connue depuis des années. Deuxièmement, les résultats n'étaient pas très encourageants. La valeur des nouvelles commandes, généralement considérée comme une composante prospective de l'indice, s'est établie à 51,1, son plus bas niveau depuis août 2016. Le consensus de Bloomberg pour le chiffre absolu de janvier s’élève à 54,0, pratiquement inchangé par rapport à décembre. Si des données telles que l'indice ISM manufacturier ne parviennent pas à se stabiliser, nous pensons que cela nuira aux marchés des actifs plus risqués. Cette reprise s'explique en partie par le fait que les valeurs ont trop chuté en décembre, alors que les données n'étaient pas si négatives. Si ce n'est plus le cas, les évaluations après le rallye pourraient commencer à paraître coûteuses.

Selon nous, la stabilisation de la confiance des consommateurs et des données du secteur manufacturier est nécessaire pour justifier le bon début de l'année 2019. Nous partageons l'avis de Powell, Bernanke et Yellen: l'économie américaine est en décélération mais reste en bonne santé, sous l'impulsion du consommateur. Les marchés ont besoin des données de vendredi pour confirmer ce point de vue.

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