Est-il temps de revenir sur les matières premières?

Jacques Henry, SILEX

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Les matières premières ont brillé au début de l'année, mais des disparités et corrections récentes soulèvent des questions. Le cuivre et l'or gagnants sur le long terme?

Sur la première partie de l’année, les matières premières ont affiché les meilleures performances (avec les actions) parmi les différentes classes d’actifs. Pourtant, ce constat masque, d’une part, la forte disparité dans les performances, avec par exemple un minerai de fer en recul de -23% depuis le début de l’année et une progression de +23% sur l’argent, et d’autre part la correction subie par les matières premières depuis le mois de mai. Rien que sur le mois de juin, le minerai de fer a perdu 10%, le cuivre 8%, l’argent 7% et l’or 1,5%. 

L’environnement économique reste pour sa part favorable avec une croissance qui reste soutenue et une inflation qui reste persistante, au-dessus de la cible des banques centrales, mais qui n’accélère plus. Ainsi depuis un an environ, l’inflation américaine forme un plateau autour au-dessus de 3,3%. Nous anticipons que cet environnement se prolonge pour le second semestre 2024 ce qui devrait rester un facteur de soutien pour les matières premières. Dans ce contexte comment appréhender la récente correction des différents métaux et minerais et comment se positionner pour les prochains mois? Les positions non commerciales sur les futures nous aident à comprendre la dynamique spéculative qui a régné sur les matières premières ces derniers mois.

La volonté de diminuer l’empreinte carbone des activités humaines aboutit à une course à l’électrification qui bénéficie à plein au cuivre, métal conducteur par excellence qui est nécessaire dans toute la chaine de valeur avec la production, le stockage et la distribution de l’électricité. Il reste ainsi notre métal préféré sur le long terme d’autant plus qu’un déficit d’offre devrait se matérialiser au cours des prochaines années contrairement au minerai de fer qui reste très abondant. En revanche, la hausse de 2024 a été en partie construite avec des positions spéculatives qui ont atteint un niveau très élevé proche des plus hauts historiques et même un niveau jamais atteint par le passé en ne prenant que les positions acheteuses. La correction depuis le mois de mai s’est faite alors que les positions spéculatives sur le cuivre se dégonflaient un peu, tout en restant relativement élevées. 

L’or et l’argent sont des métaux précieux mais la hausse des positions spéculatives sur l’argent a largement amplifié la hausse au premier semestre 2024. Ces positions ont quelque peu reculé mais restent élevées. Sur la durée nous continuons à préférer l’or à l’argent. En effet les banques centrales détiennent de l’or et ce mouvement devrait perdurer alors que plusieurs banques centrales dont celle de Chine réduisent de plus en plus leur dépendance au dollar, et que l’or apparaît alors comme la devise ultime pour diversifier ses réserves. Par ailleurs l’or joue son rôle d’actif refuge alors que les tensions politiques et géopolitiques ne faiblissent pas.

Si les excès du début de l’année 2024 ont été corrigés, les matières premières clés restent encore très recherchées et sur le moyen terme nous privilégions le cuivre, pour l’électrification, et l’or, pour la recherche d’une moindre dépendance au billet vert. Pour les investisseurs qui partagent notre vue long terme il peut être opportun de recommencer à accumuler tout particulièrement ces deux métaux.

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