En 2020, les investisseurs devront se montrer sélectifs

Philippe G. Müller, UBS

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La semaine dernière, les actions ont atteint un record, portées par l'optimisme grandissant d’un dénouement sur le front sino-US.

©Keystone

Le ministre chinois du Commerce extérieur a déclaré que la Chine et les Etats-Unis étaient parvenus à un consensus sur la manière de régler efficacement leur différend sur des questions importantes. Par la suite, le président américain Donald Trump a indiqué que les négociations étaient «dans la dernière ligne droite». 

Mais alors que l'indice MSCI All Country World est désormais en hausse de 22% depuis le début de l'année et que les investisseurs ont manifestement anticipé la conclusion d'un accord, la Recherche d’UBS privilégie un positionnement global neutre sur les actions. De plus, il semble plus judicieux de réaliser des arbitrages sur la valeur relative des actions.

Issue des négociations difficile à prévoir

Il est difficile de savoir si l'éventuel accord prévoira une abrogation des droits de douane instaurés précédemment ou un simple report de l'entrée en vigueur du nouveau relèvement des droits de douane prévu au 15 décembre. 

Tout au long de l'année, les estimations de bénéfices ont été revues
à la baisse, ce qui n'a pas empêché un rebond des marchés d'actions.

Par ailleurs, il n'est pas certain que Washington et Pékin parviennent à aplanir leurs différends diplomatiques et technologiques à plus long terme. La semaine dernière, Donald Trump a promulgué la loi sur les droits de l'Homme et la démocratie à Hong Kong, en dépit des protestations de la Chine. 

Le ministre chinois des Affaires étrangères a prévenu que son pays pourrait prendre «des mesures de rétorsion vigoureuses». Ce rebondissement ne fera sans doute pas dérailler les négociations commerciales, mais il rappelle que la détente dans les relations sino-américaines reste fragile.

Résultats décevants des entreprises 

Tout au long de l'année, les estimations de bénéfices ont été revues à la baisse, ce qui n'a pas empêché un rebond des marchés d'actions. Du coup, les valorisations ont augmenté. Le ratio cours/bénéfices à douze mois des actions mondiales a retrouvé un niveau conforme à sa moyenne depuis 1987 et semble excessif au regard des prévisions de bénéfices de la Recherche d’UBS, qui sont inférieures à celles du consensus. 

L'année prochaine, la croissance des bénéfices
pourrait être de seulement 4,3%.

Par conséquent, pour que les cours augmentent encore, il faudra que les bénéfices fassent de même. Or, l'année prochaine, la croissance des bénéfices pourrait être de seulement 4,3%, ce qui suggère que le potentiel haussier des actions est limité. Ces prévisions de bénéfices sont fondées sur l'absence de nouvelle augmentation des droits de douane entre les Etats-Unis et la Chine, mais pas sur une abrogation des droits de douane existants.

Immobilisme des banques centrales

A l'heure actuelle, les principales banques centrales sont attentistes et devraient le rester, à moins d'un nouveau ralentissement de la croissance économique. C'est ce que suggère l'optimisme affiché par le président de la Réserve fédérale américaine Jerome Powell. «Je vois le verre plus qu'à moitié plein», a-t-il déclaré la semaine dernière. 

La Banque centrale européenne et la Banque du Japon semblent également attentistes pour le moment. En outre, la probabilité que les gouvernements des principaux pays stimulent la demande par des mesures budgétaires semble limitée.

Diversification encore et toujours

Par conséquent, il est préférable de se concentrer sur la valeur relative des actions, plutôt que de chercher à faire des plus-values. Par exemple, il vaut mieux privilégier les actions américaines face à celles de la zone euro. La récente saison de publication des résultats du troisième trimestre confirme ce choix. Environ 80% des entreprises américaines ont annoncé des résultats meilleurs que prévu, contre 35% seulement dans la zone Euro. 

Aux Etats-Unis, il est préférable de se tourner
vers le secteur de la consommation discrétionnaire.

Les actions japonaises sont également à préférer en raison de leur valorisation plus attrayante. En effet, elles présentent désormais une décote supérieure à 20% par rapport aux actions de la zone euro si l'on se réfère au ratio cours/valeur comptable. Or, sur les dix dernières années, cette décote a avoisiné les 14% en moyenne.

Outre ces préférences géographiques, il est conseillé aux investisseurs de donner la priorité à la qualité et aux dividendes dans leur allocation aux actions. En 2020, ces titres devraient profiter de la chasse au rendement car les banques centrales maintiendront une politique monétaire souple pour prolonger l'expansion économique. 

Par ailleurs, dans la mesure où les tensions commerciales devraient persister quand bien même les Etats-Unis et la Chine concluraient un accord à brève échéance, les secteurs liés à la consommation devraient mieux résister que ceux qui dépendent de l'investissement des entreprises. 

Aux Etats-Unis, il est préférable de se tourner vers le secteur de la consommation discrétionnaire. Tandis qu'à l'échelle mondiale, la Recherche d’UBS apprécie peu les secteurs des matériaux et des technologies de l'information.

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