Une année de choix pour se préparer à une décennie de transformation

Philippe G. Müller, UBS

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L'économie mondiale est en passe d'achever l'année 2019 sur son plus faible taux de croissance depuis la crise financière.

Le différend commercial sino-américain a miné le moral des entreprises, qui ont réduit leurs investissements productifs, mais le marché du travail et la consommation sont restés relativement dynamiques. Cette résistance, conjuguée à une politique monétaire plus souple, a favorisé la belle performance des marchés financiers.

Croissance poussive pour 2020

Depuis le début de l'année, les actions mondiales affichent une progression d'environ 22% et le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a baissé d'environ 1 point de pourcentage, contribuant ainsi, en 2019, à la solide performance de la plupart des portefeuilles équilibrés.

La faiblesse de l'inflation et des taux d'intérêt permet d'envisager
sous un angle nouveau le rôle de la dépense publique.

A quoi les investisseurs peuvent-ils s'attendre en 2020? Probablement à la poursuite d'une croissance poussive. L'économie mondiale devrait en effet enregistrer une croissance de 3,0%, contre 3,1% en 2019. Mais dans cette année de choix pour les responsables politiques, pour les électeurs et pour les investisseurs, l'incertitude qui pèse sur ce scénario est plus marquée que d'habitude, dans un sens comme dans l'autre.

On peut identifier trois choix cruciaux qui dicteront le cours des événements:

  • Statu quo ou alternance politique
    Des élections se tiendront au Royaume-Uni en décembre 2019 et aux Etats-Unis en novembre 2020. Le clivage marqué entre les candidats, l'ampleur des enjeux et la capitalisation boursière des marchés américain et britannique font de ces élections des échéances importantes pour les investisseurs du monde entier.
  • Un accord ou pas
    En 2020, les tensions commerciales sino-américaines pourraient ressurgir, même si un accord provisoire est bientôt conclu. Néanmoins, un accord prévoyant la réduction ou la suppression des droits de douane en vigueur et un moratoire sur les nouveaux droits de douane atténuerait grandement l'incertitude économique mondiale, mettrait fin au gel des investissements et permettrait à Donald Trump de revendiquer une victoire l'année des élections.
  • Une relance budgétaire ou monétaire
    L'efficacité de la politique monétaire traditionnelle s'est estompée et, compte tenu des divisions au sein du Congrès américain, des contraintes budgétaires dans la zone euro et de l'inquiétude quant à la gestion du désendettement en Chine, il est peu probable que l'année 2020 soit marquée par une relance budgétaire significative.

Néanmoins, la faiblesse de l'inflation et des taux d'intérêt permet d'envisager sous un angle nouveau le rôle de la dépense publique et la coordination des politiques budgétaire et monétaire pourrait se traduire par une nette révision à la hausse des prévisions de croissance.

La performance du marché en 2020 dépendra probablement en grande partie des choix politiques effectués. Toutefois, les investisseurs peuvent reprendre quelque peu le contrôle de leurs portefeuilles en recherchant des investissements moins sensibles à l'actualité politique.

La population en âge de travailler va commencer à diminuer et le contexte politique
pourrait s'avérer moins favorable pour les individus les plus aisés.
Composer son portefeuille avec soin

Sur les marchés d'actions, il est recommandé de privilégier les titres de qualité et ceux qui versent des dividendes, ainsi que les sociétés de biens de consommation et celles tournées vers leur marché intérieur. Ces entreprises devraient procurer des rendements plus fiables que les sociétés dépendantes du commerce et de l'investissement.

En ce qui concerne le marché obligataire, une approche médiane est plus judicieuse, étant donné la faiblesse des rendements des obligations les moins risquées et l'accentuation des risques de crédit chez certains émetteurs spéculatifs. Les obligations souveraines des marchés émergents, certains émetteurs «crossover» en Europe et les obligations durables plutôt que les obligations traditionnelles seraient à privilégier.

Par ailleurs, la Recherche d’UBS préfère les métaux précieux aux matières premières cycliques, en anticipant une sous-performance du dollar US et en préconisant un positionnement à faible bêta sur les actifs alternatifs.

Changements en perspective

A plus long terme, on peut entrevoir une décennie de transformation. La population en âge de travailler va commencer à diminuer dans les pays développés et le contexte politique pourrait s'avérer moins favorable pour les individus les plus aisés. Par ailleurs, des innovations majeures liées à l'environnement et à la technologie bouleverseront certainement les normes existantes sur fond de démondialisation.

Dans l'ensemble, la plupart des actifs financiers devrait donc enregistrer des performances plus modestes et une volatilité plus marquée que lors des dix dernières années. Les investisseurs qui visent un certain niveau de rendement pour leurs portefeuilles bien diversifiés pourraient donc être contraints d'accroître leur allocation à des actifs plus risqués, tels que les actions.

Les tendances particulièrement enthousiasmantes à mettre en valeur sont centrées
sur la transformation digitale, les thérapies géniques et la pénurie d'eau.
Plan d’investissement rigoureux à établir

Pour compenser les risques inhérents à une décennie de transformation par des opportunités potentielles à long terme, les investisseurs devront établir un plan financier rigoureux. L'approche Liquidity, Longevity et Legacy prônée par UBS pourrait aider les investisseurs à atteindre leurs objectifs financiers, à atténuer leur anxiété face aux risques à court terme et leur permettre de profiter des opportunités à plus long terme.

Ce faisant, les investisseurs auront toutes les chances de réussir. Les tendances particulièrement enthousiasmantes à mettre en valeur sont centrées sur la transformation digitale, les thérapies géniques et la pénurie d'eau.

Investir dans la durabilité

Par ailleurs, un bon nombre des Objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU supposent de mobiliser des capitaux si considérables que cela laisse entrevoir des opportunités d'investissement séduisantes pour les investisseurs privés. Ils pourront ainsi obtenir des rendements attractifs tout en contribuant à l'atteinte d'objectifs tels que la lutte contre la pauvreté et les inégalités, l'amélioration de l'accès à l'eau potable ou un enseignement de qualité.

En remplaçant des investissements traditionnels par des placements durables, les investisseurs peuvent optimiser le positionnement de leurs portefeuilles de manière à surfer sur les tendances les plus significatives de la décennie à venir.

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