Elections US et vaccins: quel impact sur les hedge funds?

Jean-Baptiste Berthon, Lyxor Asset Management

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Les marchés ont connu deux secousses majeures. Les multiples tectoniques de plaques, souvent contraires, rendent la tâche des gérants actifs très délicate.

L'incertitude des élections américaines est bientôt derrière nous et les vaccins contre le COVID-19 laissent entrevoir enfin la lumière au bout du tunnel. Pourtant, la recrudescence des contaminations risque d’imposer de nouvelles restrictions avant le déploiement d'un vaccin. A ce moment-là, l’allégement de certaines mesures d’aides monétaires et/ou fiscales priverait les marchés d’un soutien important. Enfin, l'avenir des politiques américaines restent dépendantes du second tour des élections sénatoriales de Géorgie le 5 janvier.

Les élections américaines entretiennent le suspense

Même si les recours judiciaires et les recomptages ont peu de chances de modifier le résultat, Donald Trump pourrait chercher à galvaniser le camp républicain et la défiance anti-establishment avant le second tour des élections en Géorgie. En accentuant la polarisation des forces politiques avant même l'entrée en fonction du nouveau gouvernement, le président sortant pourrait aussi essayer de sauver son héritage. Bien que la possibilité d'une «vague bleue» ne puisse être écartée, un Congrès divisé implique des mesures de relance moins audacieuses que prévu, mais également un moindre déficit et moins d'incertitudes politiques. Un blocage du processus législatif paralyserait l'agenda politique intérieur, favorisant des décrets exécutifs avec une plus grande marge de manœuvre en matière de politique étrangère. La perspective d’une refonte fiscale se dissiperait et les politiques envisagées dans les domaines du climat et de la santé seraient atténuées.

Les taux s'ajustent à des perspectives de relance moins forte que prévu.

Un consensus se forme autour de l'idée d'un Congrès divisé: les taux s'ajustent à des perspectives de relance moins forte que prévu, tandis que le dollar et les marchés asiatiques anticipent un apaisement des tensions commerciales ainsi que des rotations – gérable – dans les secteurs de la santé, des énergies propres et des technologies (du moins jusqu'aux annonces du vaccin). Ce scénario implique probablement un biais positif pour les actions, mais les investisseurs ne tarderont sans doute pas à se concentrer de nouveau sur les fondamentaux.

La lueur d'un vaccin au bout du tunnel de la pandémie

L'annonce par Pfizer/BioNTech d'un vaccin ayant atteint des taux d'efficacité de 90% dans les essais cliniques de dernière phase a fourni une poussée d'adrénaline aux marchés, alors que d'autres annonces devraient suivre de la part d'autres laboratoires. L'incertitude continue de régner quant à l'efficacité à grande échelle du produit, la part de la population qui en bénéficierait et le délai nécessaire à son déploiement au regard des contraintes techniques. Les réponses à ces questions vont déterminer la vitesse de normalisation des économies (probablement pas avant le second semestre 2021, et selon un rythme inégal en fonction des régions). D'ici là, l'économie mondiale demeure confrontée à la perspective d'un hiver difficile.

L'annonce relative au vaccin a donné lieu
à des rendements moins élevés et plus disparates.
Quel impact sur les hedge funds?

Les hedge funds ont bien réagi aux deux situations. Toutes les stratégies se sont inscrites en hausse après les élections américaines, déjà positionnées en anticipation des résultats, tout particulièrement les L/S Equity, Special Situations et Global Macro. En revanche, l'annonce relative au vaccin a donné lieu à des rendements moins élevés et plus disparates. Les stratégies Special Situations et L/S Credit sont celles qui en ont le plus bénéficié (dopées davantage par leur bêta que par leur alpha), tandis que les gérants CTA ont été à la peine, de même que certaines approches Global Macro. Les stratégies L/S Equity ont affiché des rendements très dispersés. Pris par surprise, les gérants qui surpondéraient les valeurs de croissance et liées au télétravail au détriment des valeurs décotées et des grandes victimes du COVID-19 ont subi des pertes sévères, en particulier en Europe, où les actions des sociétés financières et des compagnies aériennes se sont envolées. Si les positions longues ont eu une contribution positive, les positions courtes ont essuyé d'importants revers, mettant doublement à l'épreuve les stratégies Quant et Neutral.

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