L’élection présidentielle américaine de 2024 oppose Kamala Harris et Donald Trump dans un contexte de polarisation intense. Les résultats de cette élection auront des impacts profonds sur l’économie américaine, la politique étrangère et des secteurs stratégiques, allant des énergies renouvelables à la défense.
L’élection est aussi décisive que incertaine. Avec 244 millions d’électeurs, l’enjeu est de taille pour les Etats-Unis et leurs partenaires mondiaux. L’élection se déroule au suffrage indirect, avec 538 grands électeurs, et le candidat ayant 270 voix remportera la présidence. Kamala Harris, soutenue par 48 % des intentions de vote, affronte Donald Trump, proche avec 47%. La victoire se jouera dans sept «Swing States» clés, où Harris aura besoin de 44 grands électeurs contre 51 pour Trump, actuellement favori dans cinq de ces sept Etats. La probabilité de succès pour Trump dépasse légèrement 51%.
Les programmes économiques des candidats sont divergents. Kamala Harris adopte une approche industrielle et écologique. Inspirée des politiques de Joe Biden, elle soutient une transition énergétique pour réduire la dépendance aux importations asiatiques. Le plan inclut des dépenses massives, notamment à travers l’Inflation Reduction Act (IRA) et le CHIPS and Science Act, visant une production locale accrue. Harris propose de hausser l’impôt des entreprises de 21% à 28%, et des taxes supplémentaires pour les revenus au-delà de 400'000 dollars par an. Ses mesures ambitieuses englobent des investissements dans les chaînes d’approvisionnement de véhicules électriques, avec un objectif de 100% d’énergies renouvelables d’ici 2035 et une neutralité carbone en 2050.
En contraste, Donald Trump se concentre sur une politique nationaliste et protectionniste. Son projet prolonge les baisses d’impôts de 2017 et envisage de réduire l’impôt des entreprises à 15%. Trump propose aussi un tarif de base de 10 à 20% sur les importations et des droits de douane jusqu’à 60% sur les produits chinois. Sa politique énergétique favorise les industries pétrolière et gazière, en abrogeant des régulations environnementales pour stimuler la croissance. Trump prévoit également un désengagement militaire partiel, avec une réduction de l’aide à l’Ukraine, ce qui pourrait réorienter les priorités sécuritaires vers les Etats-Unis.
Les priorités énergétiques et technologiques distinctes. Les deux candidats abordent l’énergie avec des priorités opposées. Harris vise 3'500 milliards de dollars d’investissements dans les énergies renouvelables et souhaite faire des Etats-Unis un leader des technologies propres. De son côté, Trump allouerait ces fonds au secteur des énergies fossiles, ce qui stimulerait l’emploi et la production locale, notamment dans l’industrie pétrolière. Ces différences affecteront aussi le marché automobile: Harris encourage les véhicules électriques, tandis que Trump appuierait les voitures à énergie fossile.
Les résultats du Congrès américain seront déterminants. La composition du Congrès est essentielle pour appliquer les promesses des candidats. Si les Républicains contrôlent le Sénat, ils pourraient bloquer les projets de Harris en matière d’écologie et de fiscalité. En revanche, un Congrès aligné avec Trump accélérerait l’adoption de ses réformes fiscales et migratoires. Un gouvernement divisé, comme en 2022, réduit la probabilité de changements soudains, stabilisant les marchés financiers. Toutefois, une majorité unifiée risque de polariser davantage le pays et d’amplifier les fluctuations économiques.
Les marchés financiers anticipent actuellement une victoire de Trump. Les tendances d’octobre 2024 montrent une anticipation de victoire de Trump: les actions américaines ont progressé de plus de 1%, le Nasdaq de 2,5%, et les taux à 10 ans sont passés de 3,7% à 4,3%. Cette évolution a provoqué une appréciation de 2,3% du dollar face au franc suisse. Les marchés intègrent donc les attentes d’une présidence républicaine, dont les effets se feraient ressentir aussi bien aux Etats-Unis qu’au niveau mondial.
Une victoire de Trump est perçue favorablement pour les actions, notamment dans les secteurs pétrolier, minier et financier. Sa politique protectionniste pourrait augmenter les taux d’intérêt américains, dépréciant potentiellement le franc suisse en cas de Congrès républicain. En revanche, Harris est favorable aux énergies renouvelables, à l’aéronautique et aux biens de consommation durables, avec des prévisions positives pour les bons du Trésor. Ses dépenses de 3'500 milliards de dollars sur 10 ans pèseraient moins sur les obligations par rapport aux 7'500 milliards envisagés par Trump.