Décrocher la lune…

Michele Pedroni, DECALIA

2 minutes de lecture

Les investissements dans la conquête de l’espace atteignent 2 milliards de dollars par an. Reste à s’accorder sur des lois célestes.

Une nouvelle ère d’exploration spatiale débute. Nations et entreprises privées ambitionnent de propulser l’humain vers de lointaines orbites. Est-il temps de de s’accorder sur les lois d'une République Galactique qui pourrait représenter le plus grand des défis?

Et si l'exploration spatiale pouvait remonter le moral des terriens, en ressuscitant l'émerveillement planétaire qui avait accompagné – il y a un demi-siècle – les premiers pas de Neil Armstrong sur la lune?

C’est que notre monde a connu de rapides et profonds bouleversements, tant économiques que sociétaux, au cours des dernières années, avec moult externalités négatives. Réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles, concentration des populations dans les villes, vieillissement démographique, inégalités croissantes, et maintenant le coronavirus : de quoi non seulement alimenter un sentiment généralisé d’anxiété, mais aussi commencer à se sentir un peu à l’étroit sur terre.

La conquête d’un nouveau territoire pourrait redonner espoir et enthousiasme
aux citoyens, les unissant autour d'un projet commun.

La conquête d’un nouveau territoire pourrait redonner espoir et enthousiasme aux citoyens, les unissant autour d'un projet commun. Mieux, elle pourrait enclencher une dynamique de croissance, pays et entreprises se disputant le leadership dans les investissements spatiaux. L’histoire regorge d’exemples d'avancées territoriales qui ont stimulé les progrès technologiques et scientifiques. Pensez notamment à la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, celle du Far West au XIXe siècle ou, plus récemment, au programme Apollo de la NASA.

Signée fin 2017 par le président Trump, la directive sur la politique spatiale 1 est ambitieuse, visant à «permettre l'expansion humaine dans tout le système solaire et ramener sur terre de nouvelles connaissances et opportunités». Depuis, la NASA a dévoilé un plan en trois volets. Tout d'abord, les activités en orbite basse seront transférées vers des services commerciaux ou des partenariats, l’état devenant simple client. Deuxièmement, les vols autour de la lune reprendront en 2023, avec des atterrissages dès la fin de la décennie. A noter qu'une plate-forme en orbite lunaire (nommée «Gateway») sera construite pour accueillir les astronautes et tester les organismes vivants et les technologies en vue de voyages plus lointains. Car la troisième et dernière étape de la campagne d'exploration de la NASA n’est autre qu’un atterrissage humain sur Mars!

Le traité de 1967 proclame l'espace comme «province de l'humanité
tout entière», interdisant toute revendication de souveraineté.

Les acteurs privés sont déjà à pied d’œuvre, avec des investissements qui atteignent désormais 2 milliards de dollars par an et devraient encore progresser. Parmi les personnalités les plus en vue, citons Elon Musk (Tesla), qui nourrit l'espoir de coloniser Mars et dont les fusées SpaceX ont déjà lancé de nombreux satellites, et Jeff Bezos (Amazon), financeur de l'entreprise Blue Origin et qui imagine un jour des millions de personnes gagner leur vie dans les stations spatiales. Dans le marché des excursions touristiques suborbitales, Blue Origin aura pour concurrent Virgin Galactic de Richard Branson, société fraîchement cotée dont le cours s’est littéralement envolé cette année.  

Mais pour que la concurrence, entre nations ou entreprises, s'avère saine et bénéfique, il faudra des règles. Le traité de 1967 proclame l'espace comme «province de l'humanité tout entière», interdisant toute revendication de souveraineté. À voir la rivalité sino-américaine et la mise à mal du multilatéralisme qui sévissent actuellement sur terre, s’accorder sur des lois célestes ne sera pas aisé. Gageons tout de même qu’une guerre des étoiles saura être évitée...

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