Crise du COVID-19: crash test pour les ressources humaines des entreprises

Jean-Philippe Desmartin, Edmond de Rothschild Asset Management

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La pandémie actuelle est un test brutal de la qualité de la gestion des ressources humaines dans les entreprises.

Le test de l’adaptation

Santé, emploi, inégalités… La crise du COVID-19 remet l’Humain au cœur des débats. La pandémie actuelle est un test brutal de la qualité de la gestion des ressources humaines dans les entreprises; protection des salariés (gel, masques, vaccination…), continuité des activités notamment via l’explosion du télétravail ou encore efforts pour maintenir un climat social de qualité.

L’actualité révèle de bonnes pratiques. À titre d’exemple, l’industriel européen de l’aéronautique Safran a négocié un nombre limité de départs volontaires afin de préserver les compétences en ingénieurs, techniciens et ouvriers d’ici la reprise du secteur attendue pour 2024. Contraintes de faire évoluer les organisations rapidement début 2020, les entreprises sont entrées dans une économie de l’adaptation / innovation, en inventant au fil de l’eau les réponses aux problèmes posés par les contraintes sanitaires. Ainsi, l’entreprise de conseil américaine Accenture a investi dans la formation, en particulier via le e-learning, pour permettre à plusieurs dizaines de milliers de salariés d’évoluer vers les expertises les plus recherchées par les clients comme l’intelligence artificielle.

Le test de la confiance et du sens

La crise du COVID-19 est également une période test concernant la confiance que portent les salariés à leurs employeurs. Chaque jour, les dirigeants et managers se trouvent confrontés à des questions aussi diverses qu’inédites, qui pour la plupart n’appellent pas de bonne ou mauvaise réponse évidente, mais qui représentent autant d’arbitrages qui seront jugés in fine par les collaborateurs, que ce soit sur l’agilité, les prises de décisions, la protection suffisante des salariés, mais aussi l’écoute et l’attention portées aux différents besoins. À titre d’exemple de confiance en interne, 80% des salariés de Cisco ont salué la gestion du COVID-19 par leur entreprise en 2020. Dès lors, cela ne surprendra pas d’apprendre que l’entreprise américaine a été classée N°1 au niveau mondial «Great place to work for» en 2019 et 2020. À l’heure où les activités sont toutes estampillées essentielles ou non-essentielles, la crise du Covid-19 a également été l’occasion pour les salariés de questionner leur rapport au travail. Selon une étude du groupe Randstad1, 29% des salariés ne perçoivent pas le sens et l’utilité de leur emploi, et pour 16% d’entre eux, le contexte de pandémie leur en a fait prendre conscience.

De nouveaux défis pour les ressources humaines

Fatigue, incapacité de concentration, difficultés respiratoires ou tachycardies, céphalées, pertes du goût et de l'odorat. La liste des séquelles du Covid-19 s’allonge à mesure que nous avons du recul. Il faudra sans doute vivre durablement avec ce «Covid long», dont 10 à 15% de ceux qui ont contracté la maladie – avec symptômes – souffrent.

Ces séquelles ne posent pas qu'un problème de santé, c'est aussi un enjeu économique pour les salariés et les employeurs. Assurer sa fonction pendant une affection est loin d'être simple. Beaucoup de malades doivent aménager leur activité, la ralentir voire la cesser complètement. Les ressources humaines seront ainsi un pilier du retour à la «normalité», entre communication, protection et accompagnement des salariés.

 

1 Etude Randstad: le sens au travail et l’impact du Covid-19, publiée en juillet 2020.

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