Brexit: l'épée de Damoclès sur le marché intérieur britannique

Steven Bell, BMO Global Asset Management

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Avec la nomination du nouveau Premier ministre, les chances de ne pas parvenir à un accord ont considérablement augmenté.

L’incertitude règne au Royaume-Uni. L’Union européenne est le principal partenaire commercial de la Grande-Bretagne et, au cours des 40 dernières années, l’île est devenue un important bénéficiaire d’investissements directs intérieurs, du moins en partie grâce à son adhésion à l’Union européenne. Bon nombre des scénarios liés au Brexit partent du principe que l’UE se concentrera sur la limitation des dommages causés à l’Union elle-même et l’accroissement de son avantage concurrentiel. En cas de retrait de l’UE, le Royaume-Uni se trouve donc en tout état de cause sans réel moyen de levier.

Il y a déjà trois ans, les experts spéculaient sur les possibles scénarios. Les probabilités que ces scénarios se produisent ont changé radicalement avec la nomination du nouveau premier ministre Boris Johnson. Par le passé, les propositions de Theresa May ont échoué à plusieurs reprises au Parlement britannique. Boris Johnson ne semble pas s’engager dans une lutte de pouvoir avec le Parlement.

Il est probable que la Banque d’Angleterre assouplisse
sa politique en cas de rupture de l’accord.

Les perspectives d’un no-deal brexit dépassent largement 50%. Au-delà du 31 octobre, la probabilité qu’un gouvernement travailliste minoritaire soit en place est de 40%. Le parti travailliste est soutenu par les démocrates libéraux et les nationalistes écossais, entre autres, et déciderait donc d’organiser un second référendum sur le Brexit. Un «no deal» est d’ores et déjà en anticipé. Une sortie immédiate de l’UE comporte tout de même le risque d’une baisse de 10 à 15% du taux de change.

Un oui à un éventuel second référendum et le maintien du Royaume-Uni dans l’UE pourrait inverser au moins en partie le déclin des trois dernières années. Quitter l’UE avec un accord est peu probable, mais serait le scénario le plus optimiste pour la livre sterling. Comme la majeure partie des bénéfices des entreprises britanniques proviennent de l’étranger, une livre sterling plus faible soutiendrait le prix de la plupart des sociétés du FTSE-100. Les entreprises nationales, cependant, souffriraient de cette faiblesse.

Il est probable que la Banque d’Angleterre assouplisse sa politique en cas de rupture de l’accord. Cela réduirait la pression sur les obligations du gouvernement britannique, dont la notation pourrait néanmoins être abaissée de AA à AA-. Dans l’ensemble, cependant, l’impact sur le marché obligataire serait faible.

Un no-deal Brexit serait un événement «risqué» qui serait défavorable à l’UE et affecterait l’euro et les actions européennes de manière sensible. Mais l’impact réel serait probablement modeste pour l’UE et certainement beaucoup plus faible que pour le Royaume-Uni.

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