Boom économique à venir

Salima Barragan

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Vincent Juvyns de J.P. Morgan AM conserve une préférence pour les actions.

«Nous voyons le bout du tunnel», «réaction positive aux bonnes nouvelles sur le vaccin», «rotation sectorielle sur les actions Value»; les commentaires récents dans la presse financière sont réconfortants. Il y a de quoi. Un grand nombre de pays ont allégé leur confinement, ce qui se reflète dans les bonnes performances des marchés actions. Les clients des banques et les consommateurs ont retrouvé leur enthousiasme. Pourtant, ces derniers mois propices aux décisions d’investissement faciles seront bientôt révolus; les marchés manqueront de souffle. Le point avec Vincent Juvyns, stratégiste de marché chez J.P. Morgan AM.

Des questions subsistent

La conjoncture s’améliore à mesure que la campagne de vaccination bat son plein: les experts s’accordent sur un taux de vaccination de 70% de la population européenne d’ici la fin de l’été. L’immunité de groupe atteinte, l’ouverture complète des économies des pays développés devrait aller très vite. Pourtant, «il y a encore beaucoup de questions», prévient Vincent Juvyns. Comme par exemple, le cas des pays émergents (excepté en Chine) ainsi que la possibilité d’un nouveau variant résistant au vaccin. «C’est une préoccupation, notamment en Angleterre, mais il semble que les vaccins actuels soient efficaces sur les patients», poursuit-il.

Les investisseurs rentreront toutefois dans une période plus difficile pour leurs placements: le marché va commencer à s’essouffler.

Tournés sur ces prochains mois, les indicateurs avancés PMI se sont envolés à des sommets historiques, signifiant que les chefs d’entreprise sont confiants sur le climat des affaires à venir. Le FMI s’attend également à une croissance annuelle supérieure à 6%; un rythme plus revu depuis plus de 40 ans. «Il y a aussi certaines questions concernant la pérennité de la croissance, mais il faut noter que les Etats-Unis ont déployé 19% de leur PIB sous diverses formes», rappelle Vincent Juvyns. Mais l’histoire ne s’arrête pas là:  les marchés financiers bénéficient encore de l’argent facile mis en place par les banques centrales. «Et l’on s’attend encore au déploiement à venir du plan européen qui soutiendra la croissance au cours des prochaines années», poursuit-il.

Mais les gouvernements ne pourront d’évidence pas porter la reprise économique éternellement… et c’est là que le secteur privé rentre en jeu. «Les dépenses d’investissement qui reprennent et la consommation des ménages, en particulier dans les services, restée en standby durant le confinement, viendront entretenir la reprise. Le consommateur sera la deuxième jambe de la reprise aux Etats-Unis, mais aussi en Europe», estime Vincent Juvyns.

La dernière grande question porte sur la persistance du retour de l’inflation. Vincent Juvyns affirme qu’elle sera transitoire: «Après un pic au second semestre de cette année, nous nous attendons à ce qu’elle retrouve son niveau de pré-crise en 2022». Et, ceteris paribus, la tendance de fond de l’inflation sous l’objectif des banques centrales perdurera: «Nous n’avons pas encore vu de signe de dé-globalisation. La technologie, qui est de nature désinflationniste, est encore plus présente dans le monde post-covid. Nous n’avons dès lors revu nos prévisions d’inflation à long terme que marginalement à la hausse.  En ce qui concerne notre stratégie d’investissement, nous conservons une préférence pour les marchés d’actions car nous ne pensons pas que la normalisation des taux d’intérêt soit une menace pour les actions à court terme», poursuit-il

Le bêta du marché deviendra plus faible

Malgré ces bonnes nouvelles sur le front sanitaire et les surprises économiques positives (sauf en Chine), les investisseurs rentreront toutefois dans une période plus difficile pour leurs placements: le marché va commencer à s’essouffler. J.P. Morgan AM reste cependant positif sur l'equity: «l’alpha, les bénéfices et les dividendes seront les principaux moteurs de performance des marchés d’actions au cours des prochains mois. Généralement, les prévisions des entreprises pour les mois à venir sont très bonnes avec 30% de croissance des revenus attendus dans la plupart des régions. Nous maintenons une large diversification régionale mais nous sommes toutefois neutres sur les valeurs des marchés émergents», résume Vincent Juvyns.

Selon le scénario d’investissement de J.P. Morgan AM, le taux d’intérêts américain devrait atteindre 2% d’ici la fin de l’année tandis que la courbe des taux devrait se pentifier ce qui impactera négativement sur la duration. «Nous recherchons des échéances obligataires plus courtes que celles des bons du trésor américain avec un «coussin» d’intérêt plus important, et si possible, une faible corrélation avec les actions», explique le stratégiste qui favorise le High Yield, une classe d’actifs qui répond bien aux deux premiers critères, ainsi que les obligations chinoises, qui sont l’une de ses principales convictions pour les mois et années à venir.

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