Encore plus de convictions sur la Chine

Salima Barragan

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Les actions chinoises continentales surperformeront à long terme, estime Vincent Juvyns de J.P. Morgan AM.

Comme de coutume en début d’année, cinq personnalités du monde de la finance partagent avec les lecteurs d’Allnews leurs vues sur les thèmes qui marqueront ces douze prochains mois : les conséquences de la crise du coronavirus, le fardeau de la dette qui s’alourdit et la nouvelle politique américaine de Joe Biden. Ils dévoilent aussi quelle sera leur politique d’investissement. Autour de quatre questions clé, l’équipe d’Allnews vous souhaite une heureuse année 2021.

Pour la troisième partie de cette série, nous donnons la parole à Vincent Juvyns, stratégiste chez J.P. Morgan Asset Management, qui souligne l’impact à venir sur les portefeuilles de la politique de Joe Biden en faveur de la décarbonisation; certaines entreprises paieront plus cher leurs émissions à effet de serre. Il entamera l’année avec une stratégie actions opportuniste et diversifiée. Enfin, ses convictions sur la Chine se sont renforcées, tant pour son marché actions continentales A que pour celui des obligations «le nouvel eldorado des investisseurs à la recherche de duration de qualité».

Quel bilan tirez-vous des dommages créés par le coronavirus et quelles sont vos perspectives pour cette année?

Après avoir appris de la grande crise financière, les politiciens et les banquiers centraux ont travaillé main dans la main pour parfaire un sans-faute. La bonne coopération des politiques budgétaires et monétaires déployées a permis d’encaisser le choc conjoncturel. D’ailleurs, elles n’ont pas vraiment été remises en question. Nous avons également évité une vague de faillites qui aurait inscrit la crise dans la durée. L’économie devrait reprendre rapidement une fois le vaccin largement diffusé. Je m’attends à ce que l’année 2021 soit le théâtre d’un rebond économique positif pour les classes d’actifs risquées. Sur une perspective à plus long terme, le coronavirus n’aura qu’une incidence minime.

La politique de Joe Biden devrait soutenir la transition climatique
avec notamment des dépenses dans les infrastructures vertes.
Que penser des niveaux de dette des gouvernements amplifiés par la crise?

L’avalanche de dette reste pour l’instant gérable car les banques centrales maintiendront les taux d’intérêts durablement bas pour permettre aux Etats de mener leur politique budgétaire à bon compte et de contracter de la dette à bon prix. Après avoir comblé le trou laissé par le COVID-19, les gouvernements devront cette année émettre de nouvelles obligations pour relancer l’économie. Le fonds de relance européen devrait notamment permettre de stimuler la croissance économique. La dette de demain ne sera pas un problème si elle génère de la croissance. Il faudra cependant en convaincre les marchés!

Comment la politique menée par Joe Biden va-t-elle orienter les marchés?

La politique de Joe Biden devrait soutenir la transition climatique avec notamment des dépenses de l’ordre de 1700 milliards de dollars US dans les infrastructures vertes, le retour des Etats-Unis au sein des Accords de Paris desquels son prédécesseur était sorti, une proposition de basculement de l’économie américaine sur les énergies propres et un objectif ambitieux de zéro carbone d’ici 2050. Ces projets signifient pour les investisseurs qu’ils devront absolument examiner l’intensité carbone des sociétés dans lesquelles ils investissent parce que le prix des permis d’émissions de gaz à effet de serre devrait sensiblement augmenter dans les prochaines années. Et son impact résonnera bien au-delà du secteur énergétique car toutes les sociétés pollueuses en souffriront.

Quelle est votre politique d’investissement?

Habituellement, les prix des actifs au sortir d’une récession sont généralement faibles. Or, ce n’est pas le cas aujourd’hui puisqu’ils intègrent déjà largement la reprise. Mais leur cherté réduit l’espérance de rendement à long terme de la plupart des classes d’actifs traditionnelles et nous devons donc trouver de nouvelles sources de diversification et de performance. Cependant, les taux réels qui restent bas renforcent l’attractivité des actions même si leur valorisation sont hautes. Nous sommes ainsi «long» sur les actions avec une stratégie opportuniste et diversifiée sans biais trop marqué ni sur la croissance ni sur la valeur car il est prématuré d’envisager une rotation complète de la croissance sur la valeur ou des Etats-Unis sur l’Europe. Sur le segment des titres de valeur, nous aimons les sociétés industrielles et les biens de consommation durables. Nous restons prudents avec l’énergie dans un monde de décarbonisation ainsi que sur les bancaires, compte tenu de la faiblesse persistante des taux.

En ce qui concerne les obligations, nous évitons la duration qui ne procurera pas de rendement et qui en plus intègre un risque de remonté de taux d’ici cinq ans et préférons le crédit Investment Grade soutenu par les banques centrales.

Enfin, la Chine reste une de nos plus grandes convictions. Nous en sommes encore plus convaincus au vu de sa gestion de la crise sanitaire et de sa reprise économique en V. Ce pays a relancé sa croissance avec très peu de relance budgétaire et monétaire. On peut raisonnablement s’attendre à une surperformance des actions chinoises A sur les dix prochaines années. L’ouverture de son marché obligataire sera le nouvel eldorado de l’investisseur à la recherche de rendement, de qualité IG, et de diversification car il très peu corrélé aux autres actifs obligataires. Cerise sur le gâteau, le Renminbi devrait poursuivre son ascension.

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