Bières, spiritueux et sodas: cap sur la réouverture

Andreas Ruhlmann, IG Bank

2 minutes de lecture

Le secteur des boissons n’a pas la côte, mais cela pourrait changer, pour autant que les résultats suivent.

Alors que les espoirs de réouverture se concrétisent, les investisseurs anticipent une forte reprise de la consommation dans les services tels que le tourisme, le divertissement ou encore la restauration. La consommation de boissons avec ou sans alcool devrait également bénéficier de la réouverture prochaine des bars et restaurants, pourtant les actions du secteur peinent à décoller. En effet, aux Etats-Unis, la branche des boissons incluant notamment Cola-Cola et Pepsi se trouve en bas de tableau, en hausse d’à peine 3% en 2021 comparée à environ 12% pour l’indice S&P500. C’est un peu moins marquant en Europe où le secteur des boissons prend 7% comparé à 10% pour l’Euro Stoxx 600. En revanche, c’est bien pâle comparé au secteur de l’hôtellerie et du divertissement en hausse de 32.5% en 2021 et 92% sur 52 semaines.

Réputé moins volatile, le secteur des boissons a, cette fois, pris la crise de plein fouet du fait des mesures de confinement. Plus récemment, il doit faire face à une inflation du prix des matières premières alors que le retour de l’appétit pour le risque privilégie principalement les titres cycliques à plus forte volatilité au détriment des actions défensives. Clairement le secteur n’a pas la côte, mais cela pourrait changer, pour autant que les résultats suivent.

Avec l’Italie (35%), l’Allemagne (16%) et la France (6%) comme marchés principaux, Campari a fort à gagner d’une réouverture en Europe.

Heineken a récemment publié des volumes de ventes au premier trimestre bien au-dessus des attentes. Ceux-ci étaient comparable au premier trimestre de l’année passée, et ce malgré le confinement en Europe tout au long de la période. Selon Refinitiv, le consensus table sur une croissance moyenne des revenus de l’ordre de 10% par rapport à 2020, mais 9% en dessous du niveau de 2019 qui fut l’année record pour le brasseur néerlandais. Cela ne parait pas insurmontable d’autant plus que les ventes comparables seront bien plus faciles à battre à partir du deuxième trimestre. Avec 40% des ventes «on-trade» (vente sur site, hors supermarché), Heineken est idéalement positionné pour profiter de la réouverture. Un bémol de taille; la hausse du coût des matières premières qui pèse sur les marges. Les ventes sur site à plus forte marge sont donc primordiales, d’où la dépendance d’une réouverture pour les brasseurs.

Moins vulnérable à l’inflation, le commerce des spiritueux connait également une plus forte croissance que celui de la bière selon une recherche de la banque d’investissement UBS. Campari, propriétaire de la boisson vedette Aperol, vient de dévoiler ses résultats du premier trimestre 2021 avec une croissance organique des ventes de 17,9%, alors que les analystes misaient sur à peine 5% en moyenne. L’EBIT est également ressorti en hausse de 63.6% comparé aux attentes de 19%. Plusieurs banques d’investissements ont revu leur objectif à la hausse suite à ces résultats exceptionnels. Avec l’Italie (35%), l’Allemagne (16%) et la France (6%) comme marchés principaux, Campari a fort à gagner d’une réouverture en Europe. Un boost de la consommation avec les beaux jours qui arrivent et une possible «consommation revancharde» lui permettrait également d’augmenter sensiblement ses marges.

Il est difficile de prévoir le comportement des consommateurs après plus d’une année de restrictions.

Le leader mondial des spiritueux Diageo avec des marques globales tel que Smirnoff, Johnnie Walker, J&B entre autres, ainsi qu’une participation de 34% dans Moët Hennessy ne publiera pas avant le mois d’août, mais les chiffres récents de LVMH annoncent la couleur. Ce dernier a connu une croissance organique impressionnante de 36% pour son segment des vins et spiritueux durant le premier trimestre. Diageo est également présent dans la bière avec Guinness, qui devrait bénéficier de la réouverture imminente au Royaume-Uni et en Irlande. Plusieurs Pubs anglais se sont retrouvés en rupture de stock le week-end passé, bien qu’uniquement les terrasses sont ouvertes.

Dans les boissons gazeuses et sodas, la société britannique Britvic parait intéressante. Plus de 60% de ses ventes proviennent du Royaume-Unis, où elle occupe une position de leader. L’action évolue à un niveau de valorisation particulièrement attrayant avec un PE à 12 mois de 18x, comparé au secteur des boissons en Europe à environ 23x.  Britvic, dont un tier des ventes sont sur site, publiera ses résultats trimestriels le 18 mai.  

Bien entendu investir dans ces actions n’est pas sans risque. Les plans de réouverture peuvent être retardés et il est difficile de prévoir le comportement des consommateurs après plus d’une année de restrictions. En revanche, n’ayant que partiellement participé à la hausse du marché, elle permettent  de jouer la réouverture tout en ayant un risque limité. Elles apportent également une diversification aux coté de titres cycliques bouillonants.

A lire aussi...