BCE: les espoirs de reprise étaient grands, l'économie de la zone euro fait du surplace

Kevin Thozet, Carmignac

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La Banque centrale européenne maintiendra ses taux directeurs inchangés ce jeudi, prenant soin de ne pas s’engager sur les orientations futures de sa politique monétaire.

Les derniers indicateurs économiques coïncidents voient désormais le PIB de la zone euro en légère hausse pour l'année 2024 mais les chiffres de l'activité manufacturière ont été décevants au mois de juin la saisonnalité n’a pas aidé compte tenu du nombre de jours fériés dans la zone. On estime le coût économique d'un jour férié supplémentaire à 0,1% de PIB, soit entre 15 et 20 milliards d'euros par jour pour la zone euro, et on en a compté quatre1.

L'incertitude politique pourrait peser sur la France, deuxième économie de la région, avec une baisse de la confiance des entreprises et des ménages dans le sillage des élections législatives françaises et des risques afférents à un parlement divisé.

Les cinq semaines qui se sont écoulées depuis la dernière réunion de politique monétaire du Conseil des gouverneurs n'ont pas apporté d'éclaircissements notoires sur le front de l'inflation.

L'inflation sous-jacente (stable à 2,9% pour le mois de juin) est ressortie légèrement en hausse (de 0,1%) par rapport aux prévisions moyennes de la Banque centrale européenne (BCE) pour le deuxième trimestre. L'inflation des services pourrait rester soutenue pendant la saison festivale, les événements de l’été entretenant une pression haussière sur les prix de l’hôtellerie et de la restauration. Par exemple sur la base de ceux de Londres en 2012 et des tensions actuelles sur le marché de l'emploi – les jeux olympiques de Paris pourraient ajouter plus de 10 points de base à l'indice des prix à la consommation pour les mois de juillet et d’août en Europe. La tournée européenne de Taylor Swift devrait également contribuer à la hausse des prix (l'année dernière, la tournée de Beyonce - autre célèbre star de la chanson américaine - a amplifié l’inflation suédoise de 0,2% à 0,3%2).

La flambée des coûts de fret maritime (multiplié par trois cette année) devrait se voir répercutée dans les prix des importations, et ainsi maintenir la pression sur le front des biens durables. Et enfin les dernières publications relatives aux salaires mettent en évidence une tendance à la hausse des salaires (avec une inflation salariales évaluée à +4% par rapport à l’an dernier).

A la lumière de ces éléments, nous estimons que la BCE maintiendra ses taux directeurs inchangés (à 4,25%) prenant soin de ne pas s’engager sur les orientations futures de sa politique monétaire.

La BCE– comme beaucoup - fera probablement une pause estivale. Les quelques neuf semaines supplémentaires d’ici la réunion de septembre lui permettront de mieux apprécier l’environnement de croissance et d’inflation et de confirmer que la trajectoire suivie est bien celle recherchée. D’autant qu’il est également fortement probable que la Réserve fédérale (Fed) procède elle aussi à une baisse de taux en septembre.

D’ici là, plus les taux directeurs demeurent en territoire restrictif, plus l'économie risque de décélérer à vive allure. Dans ce contexte, et avec des anticipations de marché qui prévoient à peine deux baisses de taux pour le reste de l'année et guère plus pour 2025, les obligations à maturité courte à intermédiaire (2 ans et 5 ans) pourraient intégrer un cycle d'assouplissement monétaire plus important à l'avenir; elles constituent la majorité de nos investissements en dette souveraine européenne.

 

 

1 Fête du travail (1er mai), fête de la Victoire (8 mai), Journée de l’Europe (9 mai), lundi de Pentecôte (20 mai).
2 https://www.lesechos.fr/monde/europe/limprobable-effet-beyonce-sur-linflation-suedoise-1953232

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