AMLAT: une orthodoxie économique séduisante

Zouhoure Bousbih, Ostrum AM

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L’Amérique latine est mieux positionnée pour bénéficier de la fin du cycle de resserrement monétaire de la Fed.

©Keystone

La fin (proche) du cycle de resserrement monétaire de la Fed est un catalyseur important pour les marchés émergents, notamment pour l’Amérique latine. La hausse des cours des matières premières a permis d’amortir l’impact des relèvements de taux agressifs sur l’activité, permettant à l’Amérique latine d’enregistrer une croissance de 4% en 2022. La croissance devrait ralentir en 2023 à 1,6%, mais la décélération s’est avérée moins forte que prévu sur le premier trimestre. Toutefois, globalement l’inflation, notamment l’inflation sous-jacente reste élevée ce qui devrait amener les banques centrales à rester vigilantes. La faiblesse du dollar et la reprise de la Chine, tirée par la consommation, sont des catalyseurs pour une hausse des prix des matières premières, dont devrait bénéficier les pays producteurs et exportateurs d’Amérique latine.

Orthodoxie économique

La plupart des pays qui composent l’Amérique latine ont renforcé leur orthodoxie économique (sauf pour le cas particulier de l’Argentine). Les banques centrales de la région se sont révélées crédibles en poursuivant des politiques monétaires de ciblage de l’inflation. Les déficits courants ne sont pas excessivement larges et la dette publique est essentiellement en devises domestiques, plutôt qu’en dollar. Les réserves internationales sont solides. L’Amérique latine est donc désormais mieux armée pour faire face aux chocs externes.

Les taux locaux brésiliens et mexicains offrent les meilleures opportunités d’investissement avec des rendements réels et nominaux élevés.
Réduction du risque politique

La réduction du risque politique a nettement contribué à l’amélioration du sentiment des investisseurs, notamment vis-à-vis du Brésil, de la Colombie et du Chili. Les investisseurs internationaux apparaissent moins inquiets sur les risques politiques sur ces trois pays, qu’ils n’ont pu l’être il y a encore quelques mois.

Quid de la dette?

Les taux locaux brésiliens et mexicains offrent les meilleures opportunités d’investissement avec des rendements réels et nominaux élevés et des cycles de baisse des taux à venir. Au Brésil, après un relèvement des taux directeurs de 11,75% entre mars 2021 et septembre 2022, la banque centrale devrait baisser ses taux dès le troisième trimestre 2023. Au Mexique, après une hausse de 7,25% depuis juin 2021, le cycle de resserrement monétaire touche à sa fin (taux terminal proche de 11,50%) et des baisses de taux sont attendues dès 2024.

Le processus de désinflation est engagé

Au Brésil, l’inflation globale est inférieure à 5%, après un point haut à 12% en juin 2022. Au Mexique, le processus de désinflation émerge alors que l’inflation est retombée sous les 7%, après un pic à 8,7% en septembre 2022.Les taux réels brésiliens et mexicains sont positifs et parmi les plus élevés au sein des pays émergents.

Appréciation des devises «Latam» face au Dollar

Le peso mexicain et le réal brésilien devraient continuer de bénéficier de taux réels positifs, de flux d’investissement élevés (à un niveau historique au Mexique), de comptes externes robustes et du retour des investisseurs étrangers sur la dette locale. En effet, la détention des bonds locaux brésiliens et mexicains par les étrangers est faible, historiquement.

Les risques idiosyncratiques sont déjà intégrés dans les courbes de taux locaux.

Au Brésil, le principal risque est lié à l’incertitude sur la trajectoire fiscale et le plafonnement des dépenses. Au Mexique, il n’y pas de risque spécifique avant les élections présidentielles de 2024.

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