Allemagne: un ralentissement passager?

Christophe Dumont, Candriam

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Fin 2017, la croissance allemande sur un an était proche de 3%. Un an plus tard, celle-ci est tombée en dessous de 1%. Que s’est-il passé?

© Keystone

Depuis la fin de l’été dernier, l’activité industrielle a été affectée par une succession de chocs temporaires. La mise en application de nouvelles normes environnementales (Worldwide harmonized Light Vehicles Test Procedure) insuffisamment anticipée par les constructeurs allemands a conduit à une chute de la production de véhicules (-15% entre juin et août 2018). Le niveau très bas des eaux du Rhin ensuite a freiné le fret fluvial avec des conséquences importantes dans le secteur de la chimie. Enfin, la production du secteur pharmaceutique qui avait connu une hausse spectaculaire début 2018 s’est violemment contractée (pour des raisons que les autorités allemandes cherchent encore à éclaircir).

Dans les prochains mois, la production industrielle
sera soumise à des forces opposées.

Au-delà de ces facteurs spécifiques, la contraction de l’industrie allemande doit être toutefois replacée dans un mouvement plus général de ralentissement de l’activité industrielle mondiale. Le relèvement par les américains de droits de douane sur l’acier et l’aluminium, puis sur une série de produits chinois, a directement pesé sur le commerce mondial. Le climat d’incertitude créé par ces tensions commerciales a lui aussi contribué à freiner l’activité industrielle notamment dans les pays d’Asie, débouché important pour les exportateurs allemands.

Dans les prochains mois, la production industrielle sera soumise à des forces opposées: d’un côté la succession des chocs temporaires mentionnés devrait arrêter de freiner la production; de l’autre le sur-stockage en Asie et la dégradation du climat des affaires en Europe continueront d’y freiner l’activité. La stimulation budgétaire à l’œuvre dans les grands pays de la zone euro devrait toutefois conduire à une ré-accélération progressive de l’activité. Compte tenu de la faiblesse de la croissance, la zone euro et l’Allemagne en premier lieu, n’en restent pas moins vulnérables à tout choc supplémentaire. Malgré la trêve décidée à Buenos Aires, les tensions entre la Chine et les États-Unis sont loin d’être retombées. Surtout, la menace américaine de droits de douane sur l’automobile pourrait bientôt réapparaître: l’économie allemande y serait particulièrement sensible…

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