2021 ne sera pas l’année du rebond du dollar

Yves Hulmann

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«Son statut de devise de réserve n’est plus aussi pertinent qu’auparavant», explique Nanette Hechler-Fayd’herbe de Credit Suisse.

Pour l’année qui s’achève, la Chine compte parmi les rares économies du monde qui afficheront une croissance positive. Avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) estimée à 2,2% pour 2020 par Credit Suisse, l’Empire du Milieu se démarque de la plupart des économies des pays développés. En 2021, la deuxième économie du monde devrait être à nouveau le fer de lance de la croissance mondiale avec une progression de son PIB attendue à 7,1%. En tout, l’économie mondiale devrait enregistrer une croissance de 4,1% l’an prochain, après une contraction estimée à 3,7% pour l’année qui s’achève.

Certes, les économies de la zone euro (+4,6% en 2021) et des Etats-Unis (4,2%) devraient aussi afficher un taux de croissance supérieur à leur potentiel de long terme mais après avoir toutefois subi une nette contraction de leur PIB : à savoir de -7,6% s’agissant de la zone euro et de -3,6% concernant les Etats-Unis. En comparaison, l’économie helvétique devrait s’en sortir mieux que ses voisins cette année (-4%) mais elle affichera aussi un rebond plus modéré l’an prochain attendu à 3,5% en 2021 par la grande banque qui a publié mardi le Credit Suisse Investment Outlook 2021.

«La crise du COVID-19 a contribué
à accélérer de nombreux ‘supertrends’»

Compte tenu d’une inflation toujours très faible attendue l’an prochain - aussi bien aux Etats-Unis (2%) que dans la zone euro (1%) -, les taux d’intérêt n’augmenteront que très peu outre-Atlantique, tandis qu’ils resteront souvent négatifs en Europe. Pour les emprunts d’Etat, les rendements obligataires des bons du Trésor à dix ans ne devraient remonter que faiblement pour atteindre 1,3% à fin 2021, tandis qu’ils resteront négatifs à -0,3% aussi bien en Suisse qu’en Allemagne à la fin de l’an prochain, prévoit Credit Suisse.

Potentiel de hausse pour les actions allemandes

Le contexte de faible niveau des taux d’intérêt profitera aux actions, anticipe la banque. Ainsi, en dépit du rebond le plus rapide de l’histoire des marchés d’actions ce printemps, qui ont réussi à récupérer l’entier de leurs pertes (-34%) après seulement trois mois, le potentiel de hausse pour les actions n’est pas épuisé. Aux yeux de Michael Strobaek, directeur global des investissements chez Credit Suisse, les mesures de relance, couplées à la reprise de l’économie attendue, soutiendront les actifs financiers, en particulier les actions. Concrètement, la banque anticipe pour l’an prochain un rendement total de 7,1% pour les actions suisses, de 7,4% pour les valeurs américaines, de 8,4% pour les actions britanniques et atteignant même 8,9% s’agissant des pays émergents. Parmi les pays développés, l’Allemagne et Hong Kong sont les marchés préférés de Credit Suisse, tandis le Japon est celui qui est le moins favorisé.

Par secteurs, Nanette Hechler-Fayd’herbe, responsable de la recherche globale chez Credit Suisse estime que la crise du COVID-19 a contribué à accélérer de nombreux «supertrends», allant de la technologie au changement climatique en passant par la numérisation ou les infrastructures. Dans la technologie, la forte progression du e-commerce représente un changement permanent et pas seulement temporaire. Les infrastructures bénéficieront d’un soutien substantiel des programmes de relance budgétaires mis en place suite à la pandémie. Ces programmes soutiendront aussi les investissements en direction d’un modèle de croissance économique décarboné.

Préférer les obligations à haut rendement les plus sûres

S’agissant des marchés obligataires, Credit Suisse distingue entre les emprunts d’Etat de référence, qui n’offriront qu’une performance médiocre compte tenu du faible niveau des taux, et d’autres segments, comme le crédit de qualité «investissement» qui offrira un profil risque / rendement favorable. Parmi les obligations à haut rendement, la banque favorise les segments de qualité supérieure.

«Le dollar n’offre pas de compensation économique suffisante par rapport
aux risques qui s’y rapportent, notamment ceux liés au déficit budgétaire.»
Le yuan et le yen s’apprécieront face au billet vert

Sur les marchés des changes, la reprise attendue l’an prochain ne profitera pas au dollar. Credit Suisse anticipe même que le billet vert reprenne sa tendance baissière, du fait que la devise américaine a désormais perdu son écart de taux d’intérêt favorable par rapport à d’autres monnaies. Ainsi, le billet vert se dépréciera par rapport à la devise européenne pour atteindre 1,25 dollar par euro à fin 2021 (1,187 mardi). «Le dollar n’offre pas de compensation économique suffisante par rapport aux risques qui s’y rapportent, notamment ceux liés au déficit budgétaire. De même, son statut de devise de réserve n’est plus aussi pertinent qu’auparavant», analyse Nanette Hechler-Fayd’herbe. D’ici à fin 2021, aussi bien le yuan chinois (6,32 yuan par dollar) que le yen japonais (100 yens par dollar) devraient s’apprécier par rapport au billet vert. En Suisse, le franc, qui avait profité de son statut de valeur au plus fort de la crise, devrait à nouveau légèrement se déprécier pour atteindre 1,10 franc suisse par euro à fin 2021.

L’or n’a pas dit son dernier mot

Du côté des matières premières, la reprise économique affaiblira-t-elle l’attrait de l’or qui compte parmi les classes d’actifs qui ont le plus progressé cette année? Ce n’est pas l’avis de Credit Suisse qui anticipe même une appréciation supplémentaire du métal précieux à 2’200 dollars l’once, comparé à un peu plus de 1’800 dollars l’once actuellement.

Enfin, le pétrole devrait aussi tirer parti de la reprise économique anticipée, avec un cours attendu à 52 dollars le baril pour le WTI, comparé à 47,7 dollars mardi.

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