Zone euro: recul historique de 12,1% du PIB au 2e trimestre

AWP

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Un résultat désastreux mais attendu laissant présager une reprise assez lente.

La zone euro a vu son PIB chuter dans des proportions jamais vues au deuxième trimestre, où les mesures de confinement ont été les plus drastiques, un résultat désastreux mais attendu laissant présager une reprise assez lente.

Le plongeon enregistré entre avril et juin dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique est vertigineux: -12,1%, selon la première prévision vendredi de l’Office européen des statistiques Eurostat. Pour l’ensemble de l’UE, la chute est de 11,9%.

Il s’agit «de loin des reculs les plus importants» depuis 1995, date à partir de laquelle ces statistiques ont débuté, souligne l’institut dans son communiqué.

Cette estimation «préliminaire» est cependant basée «sur des sources de données incomplètes» et fera l’objet de révisions, précise également Eurostat.

Au cours du premier trimestre 2020, entre janvier et mars, donc au tout début des mesures de confinement, le PIB avait diminué de 3,6% dans la zone euro.

«Certains records ne sont pas faits pour être battus: les buts d’Alan Shearer en Premier League, le match de basket à 100 points de Wilt Chamberlain, les victoires d’Eddy Merckx en cyclisme. Nul doute que le chiffre du PIB du deuxième trimestre devrait également figurer sur cette liste», a commenté Bert Colijn, économique chez ING.

S’il estime la chute «choquante», il la juge «tout à fait compréhensible» étant donné que les mesures de confinement mises en place dans presque tous les pays ont paralysé l’Europe au cours du trimestre.

L’activité a commencé à reprendre «vers la fin avril, début mai», «mais il ne s’agit là que d’une amélioration mécanique grâce à la réouverture des magasins et des usines», souligne Bert Colijn.

«La partie la plus difficile de cette reprise devrait commencer maintenant», insiste-t-il, considérant «une reprise en forme de V», longtemps espérée, comme «un voeu pieux».

«Perspectives très sombres»

«Bien que certaines parties de l’économie aient repris vie au cours des deux derniers mois, les dommages déjà causés, combinés à l’impact actuel et futur du virus, signifient que la reprise sera terriblement lente», abonde Andrew Kenningham, analyste chez Capital Economics.

«Même sans une résurgence de la pandémie, qui pourrait maintenant être en cours dans certaines parties de l’union monétaire, les perspectives sont très sombres», ajoute-t-il.

De fait, les données catastrophiques ne cessent de s’accumuler depuis deux jours au niveau national: -12,4% en Italie, -13,8% en France, -14,1% au Portugal, -18,5% en Espagne vendredi matin, -10,1% en Allemagne, -10,7% en Autriche, -12,2% en Belgique jeudi.

Début juillet, la Commission européenne avait prévenu que les effets économiques de la pandémie seraient «dévastateurs».

«L’impact économique du confinement est plus grave que ce que nous avions prévu au départ. Nous continuons à naviguer en eaux troubles et sommes confrontés à de nombreux risques, dont une nouvelle vague importante d’infections» au COVID-19, avait expliqué le vice-président Valdis Dombrovskis.

Le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni avait lui évoqué un «coup historique» à l’activité du continent.

L’exécutif européen anticipe une récession sans précédent et pire qu’attendu de -8,7% dans la zone euro en 2020, avant un rebond en 2021 (+6,1%).

Ces prévisions sont conformes à celles de la Banque centrale européenne, qui table également sur une baisse de 8,7% du PIB en 2020.

Mais elles restent plus optimistes que celles du Fonds monétaire international: -10,2% cette année.

Dans ce contexte morose, la légère progression, annoncée vendredi, de l’inflation en juillet dans la zone euro, à 0,3% contre 0,4% en juin, a surpris, d’autant plus que les prix ont reculé en Allemagne.

«Nous doutons cependant que ce soit le début d’une tendance à la hausse», précise M. Kenningham.

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