USA: statu quo sur les taux à la Fed, qui table sur une seule baisse en 2024

AWP

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Le président Jerome Powell avertit que les taux d’intérêt resteront à ce niveau élevé «aussi longtemps que nécessaire», si «l’économie reste solide et que l’inflation persiste».

La Fed a sans surprise maintenu ses taux d’intérêt à leur niveau mercredi et pense les abaisser une seule fois en 2024, face au rebond de l’inflation du début d’année, et malgré de récents chiffres plus encourageants.

La banque centrale américaine (Fed) a laissé son principal taux directeur dans la fourchette de 5,25% à 5,50% dans laquelle il se trouve depuis juillet dernier, son plus haut niveau depuis plus de 20 ans.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a averti lors d’une conférence de presse que les taux d’intérêt resteront à ce niveau élevé «aussi longtemps que nécessaire», si «l’économie reste solide et que l’inflation persiste».

Il a ainsi prévenu qu’il faudrait que les chiffres montrent une baisse de l’inflation pendant plusieurs mois, pour que la réduction des taux soit lancée.

Néanmoins, «si le marché du travail devait s’affaiblir de manière inattendue ou si l’inflation devait chuter plus rapidement que prévu, nous sommes prêts à réagir», et à abaisser les taux, a-t-il ajouté.

Point d’orgue de la réunion, les responsables de la Réserve fédérale ont indiqué qu’ils pensent en moyenne abaisser les taux une seule fois en 2024. Sur les 19 membres du comité de politique monétaire (FOMC), quatre n’anticipent aucune baisse, sept en voient une, et huit tablent sur deux.

«Modestes progrès»

Cette rigueur a surpris. Car, après un rebond de l’inflation en début d’année qui a incité la Fed à la prudence, l’inflation est repartie à la baisse.

«La Fed devra bientôt faire marche arrière, car le marché du travail va probablement s’assouplir sensiblement au cours de l’été, tandis que (l’inflation) sera probablement meilleure» qu’attendu, juge ainsi Ian Shepherdson, chef économiste pour Pantheon Macroeconomics.

Les acteurs du marché tablent majoritairement sur une première baisse en septembre, et non en novembre, ce que beaucoup d’entre eux prévoyaient encore mardi, selon l’évaluation de CME Group.

L’inflation avait connu une timide amélioration en avril, confirmée en mai, avec un ralentissement à 3,3% sur un an contre 3,4% en avril, et même des prix stables sur un mois, selon l’indice CPI.

L’indice PCE, mesure que privilégie la Fed, est resté stable en avril à 2,7% sur un an. Les chiffres de mai seront publiés fin juin.

Le FOMC a, dans son communiqué, fait état de «modestes progrès supplémentaires» vers son objectif de 2% d’inflation.

Les responsables ont révisé à la hausse leurs prévisions concernant cette mesure d’inflation pour 2024 et 2025, à 2,6% et 2,3%, quand ils tablaient sur 2,4% et 2,2% en mars, lors des précédentes prévisions.

La Fed a en revanche confirmé ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB): 2,1% en 2024 et 2,0% en 2025.

Quant au taux de chômage, la prévision reste identique pour cette année, à 4,0%, mais est un peu révisée pour 2025, à 4,2% contre 4,1%.

«Dommages économiques inutiles»

Mais la Réserve fédérale évolue sur une corde raide. Si elle commence trop tard à abaisser ses taux, elle risque de faire ralentir trop fortement l’activité économique, ce qui pourrait compromettre la belle santé du marché de l’emploi américain.

Et cela inquiète le parti démocrate du président Joe Biden, à moins de cinq mois de l’élection présidentielle qui l’opposera au républicain Donald Trump.

Deux élus démocrates du Congrès ont ainsi envoyé lundi un courrier au président de la Fed, Jerome Powell, l’avertissant qu’»une politique monétaire excessivement restrictive pourrait mettre en péril le marché de l’emploi vigoureux» aux Etats-Unis.

«En abaissant les taux maintenant, nous nous assurons que nous ne causons pas de dommages économiques inutiles et nuisibles», écrivent ainsi le sénateur Sheldon Whitehouse et le représentant Brendan Boyle dans leur lettre.

En maintenant ses taux à ce niveau, la Fed marque sa différence avec son homologue européenne, la BCE qui, le 6 juin, avait abaissé ses taux directeurs pour la première fois depuis 2019.

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