Un premier point de contact obligatoire en vue d’une baisse des coûts de santé

Communiqué, Maklerzentrum Schweiz

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Cependant, cette mesure ne contribuera à faire baisser les coûts que si la consultation se fait par téléphone.

Selon la récente proposition du Conseil fédéral, les patients seront tenus de s’adresser impérativement à un premier point de contact pour consultation. Cependant, cette mesure ne contribuera à faire baisser les coûts que si la consultation se fait par téléphone.

À la mi-août, le Conseil fédéral a lancé un nouveau paquet de mesures concernant le système de santé. Il vise à freiner la hausse des coûts et à éviter les traitements inutiles. Il s’agit d’atteindre cet objectif en faisant en sorte que les personnes ayant un problème de santé s’adressent d’abord à un premier point de contact pour consultation. Le Conseil fédéral estime que conjointement avec un plafonnement des coûts de l'assurance obligatoire des soins (AOS), le potentiel d’économies de cette mesure se situe à environ un milliard de francs, soit 3% du montant des primes.

Qu’est-ce que cela signifie pour les assurés? Un premier point de contact, cela peut être un médecin de premier recours, un centre de santé (cabinet HMO), un centre de téléconsultation médicale ou une pharmacie. Le premier point de contact assure les premiers traitements ou une consultation et, le cas échéant, adresse les patientes et les patients à un spécialiste, en jouant ainsi le rôle de «gatekeeper» (‘trieur’) qui décide de la marche à suivre. En gros, cette proposition correspond au modèle de médecin de famille, tel qu’on le connaissait jusqu'à présent, et, du moins pour ce qui est de la première consultation, il entraîne une restriction du libre choix du médecin. Or, environ 60% de la population suisse est déjà assurée dans le cadre d’un modèle de médecin de famille. On peut donc s’interroger sur le potentiel de baisse des coûts de ces premiers points de contact pour consultation.

Consultation par téléphone contre médecin de premier recours

Dans l’optique d’une baisse effective des coûts, le premier contact devrait se faire au moyen d’une consultation téléphonique afin d’éviter de se rendre inutilement chez un médecin. En outre, le premier point de contact devrait aussi assurer la coordination des soins, sinon il se pourrait que les médecins concernés ne se concertent pas entre eux. La pertinence des modèles de téléconsultation médicale («Telmed») vient également du fait qu’en général, ils n’impliquent pas de frais de franchise. Par ailleurs, il faudrait faire en sorte que les cas bénins, dits ‘bagatelles’, et certains actes administratifs puissent également être pris en charge dans le cadre du modèle de téléconsultation médicale, par exemple l’établissement de certificats médicaux ou d’ordonnances renouvelables.

Les avantages principaux du modèle Telmed sont les primes réduites pour les assurés et les économies de coûts pour les caisses maladie. De plus, les caisses maladie qui proposent un tarif d’assurance selon le principe de la téléconsultation médicale ont en général aussi une excellente ligne téléphonique d’assistance. Les patients sont également moins restreints quant aux créneaux horaires de disponibilité que dans un cabinet médical et les temps d’attente jusqu'à une consultation sont souvent nettement plus courts. Un éventuel désavantage réside dans le fait qu’un mauvais diagnostic établi par téléphone peut avoir des conséquences sur la santé de la personne assurée.

En revanche, les modèles de médecin de famille, dans lesquels la première prise de contact doit se faire auprès d’un médecin de premier recours qui décidera s’il convient d’adresser le patient à un spécialiste, tendent à faire augmenter les coûts, car ils entraînent toujours des doubles frais. Les nombreux cabinets d’urgence et les services des urgences des hôpitaux, qui facturent toujours un supplément pour urgence, sont également générateurs de coûts plus élevés. Nombreux sont les patients qui s’adressent à ces structures d’accueil par simple commodité. Là aussi, un modèle de téléconsultation médicale pourrait apporter une solution à bon nombre de problèmes. De manière générale, on est en droit de se demander ce qui incite les premiers points de contact existants à déconseiller de consulter un médecin.

Éliminer les incitations inopportunes

Comme l’a montré la votation d’il y a huit ans sur le «Managed Care», les assurés n’aiment pas se laisser dicter leur conduite. Il est donc plus judicieux de favoriser un modèle offrant des primes réduites en récompense, plutôt qu’un modèle restrictif à caractère punitif. Reste à savoir, comme toujours, sur quels coûts des économies peuvent être réalisées, et quelle est leur importance. Dans les modèles fortement contrôlés, les économies de coûts sont plus importantes, dans les modèles faiblement contrôlés, le premier point de contact peut équivaloir à un effort presque dérisoire. Le premier point de contact ne remplit réellement sa fonction que s’il conduit à une réduction du nombre de consultations chez les médecins et à une optimisation des traitements. Des franchises et une quote-part plus élevées peuvent également contribuer à la maîtrise des coûts.

Cependant, il convient de ne pas aborder le problème uniquement par le biais du comportement des patients. On ne pourra parvenir à des baisses de coûts durables dans le système de santé public que si l’on élimine les incitations structurelles inopportunes, par exemple le hiatus existant entre les interventions ambulatoires et hospitalières, de même que les conflits d’intérêts entre les hôpitaux et les cantons concernés.

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