Après Novartis, Roche cède à son tour à la pression de la politique commerciale de Donald Trump. Le groupe pharmaceutique bâlois a annoncé mardi son intention d’investir 50 milliards de dollars aux Etats-Unis au cours des cinq prochaines années. Ces investissements créeront plus de 12’000 emplois outre-Atlantique.
Cet engagement de 50 milliards de dollars comprend de nouveaux sites de recherche et développement (R&D) de pointe, la modernisation et la création d’installations de production en Indiana, en Pennsylvanie, au Massachusetts et en Californie, ainsi qu’un site supplémentaire qui sera annoncé prochainement, indique mardi dans un communiqué le géant pharmaceutique bâlois.
Roche bénéficie déjà d’une présence significative aux Etats-Unis avec plus de 25’000 employés, 15 centres de recherche et développement ainsi que 13 sites de production. Les nouveaux investissements devraient créer plus de 12’000 emplois, dont près de 6'500 dans la construction, ainsi que 1'000 emplois dans des installations nouvelles ou agrandies.
Dans le détail, Roche prévoit d’étendre et de moderniser les capacités de production et de distribution de son portefeuille de médicaments et de diagnostics innovants dans le Kentucky, l’Indiana, le New Jersey, l’Oregon et la Californie. L’argent investi ira également dans une usine spécialisée dans la thérapie génique de pointe en Pennsylvanie. La construction d’un nouveau centre de production de 84’000 mètres carrés pour les médicaments amaigrissants de nouvelle génération, dont l’emplacement est encore à préciser, et d’une nouvelle usine de production pour la surveillance continue de la glycémie dans l’Indiana, est aussi prévue.
Par ailleurs, un nouveau centre de recherche et développement, menant des recherches de pointe en intelligence artificielle (IA) et dans les domaines cardiovasculaire, rénal et métabolique, verra le jour dans le Massachusetts. Enfin, les centres de recherche et développement en produits pharmaceutiques et diagnostics existants en Arizona, dans l’Indiana et en Californie seront agrandis et modernisés.
Une fois toutes les nouvelles capacités de production mises en service, Roche exportera davantage de médicaments des Etats-Unis qu’elle n’en importera, précise encore le communiqué.
En réaction à la politique commerciale américaine
Les projets actuels de Roche interviennent seulement deux semaines après que son concurrent Novartis a annoncé son intention d’investir 23 milliards de dollars aux Etats-Unis au cours des cinq prochaines années. Auparavant, d’autres géants de l’industrie comme Eli Lilly, Johnson & Johnson et Merck avaient déjà communiqué des plans similaires.
Ils réagissent tous à la politique commerciale peu claire du président américain Donald Trump. Reste à voir exactement quel effet auront au final ces investissements de plusieurs milliards de dollars des géants pharmaceutiques.
Scienceindustries, association économique du secteur de la chimie, de la pharma et des sciences de la vie, s’inquiète pour la Suisse en tant que site économique. «Notre pays perd du terrain en termes d’investissements. L’accès aux principaux marchés d’exportation - en particulier l’UE - est limité et devient de plus en plus difficile», indique un communiqué publié mardi.
En effet, plus de la moitié des exportations suisses proviennent des industries pharmaceutique et chimique. Comme le montrent les dernières données de mars, les exportations vers les Etats-Unis ont augmenté avant l’introduction des nouveaux droits de douane américains début avril. Environ trois quarts des exportations de marchandises de la Suisse vers les États-Unis proviennent de l’industrie pharmaceutique.
Le titre dans le rouge
Pour l’industrie elle-même, les analystes considèrent en grande partie que la décision de Roche est stratégiquement judicieuse. Pour l’analyste Stefan Schneider de Vontobel, les investissements aux Etats-Unis devraient contribuer à éviter que l’industrie pharmaceutique suisse ne subisse de nouvelles taxes douanières, susceptibles de compromettre gravement ses chaînes d’approvisionnement mondiales pour la fabrication et la distribution de médicaments.
A la Bourse, le bon de jouissance Roche a fini en repli de 0,3% à 254,80 francs, dans un SMI en baisse de 0,13%.