Roche exécute son offre sur Spark Therapeutics

AWP

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La multinationale bâloise entend désormais fusionner Spark au sein de ses propres activités et convertir les parts non servies en dédommagement en liquide pour leurs détenteurs.

Roche peut enfin mettre la main sur le développeur américain de thérapies géniques Spark Therapeutics, après avoir dû surseoir une dizaine de fois à la finalisation de ce projet annoncé depuis février. Le laboratoire rhénan offrait depuis le 22 février 114,50 dollars par action (presque autant en francs). Ce montant valorise la cible de reprise à environ 4,3 milliards de dollars.

Au lendemain de l’aval inconditionnel des gendarmes britannique et étasunien à l’opération, Roche annonce subséquemment mardi l’appropriation officielle de l’ensemble des titres Spark qui lui ont déjà été servis, représentant 60,4% du capital-actions de la société de Philadelphie. Le seuil d’acceptation fixé pour qualifier l’opération de succès était d’au moins 50%.

La multinationale bâloise entend désormais fusionner Spark au sein de ses propres activités et convertir les parts restant en circulation en dédommagement en liquide pour leurs détenteurs. Spark sera dans la foulée retiré du Nasdaq.

Soupçons de conflit d’intérêts

La ribambelle de reports de délais était dans un premier temps motivée par certaines réticences des actionnaires de Spark et surtout par un examen approfondi de la part des autorités de la concurrence aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

Les derniers doutes de l’Agence américaine de la régulation du commerce (FTC) et de l’Autorité britannique de la concurrence et des marchés (CMA) ont été levés lundi, ouvrant la voie à la concrétisation du rapprochement. Les régulateurs soupçonnaient notamment un conflit d’intérêt entre le nouveau traitement de Roche contre l’hémophilie A - l’Hemlibra - et la thérapie génique en développement de Spark contre cette même maladie.

Soulignant le potentiel d’amélioration des options thérapeutiques que représentent les thérapies géniques, la FTC comme la CMA sont parvenues à la conclusion que Roche n’aurait aucun intérêt à brider le développement de celle de Spark contre l’hémophilie A, ni à abandonner son propre anticorps monoclonal (emicizumab), balayant ainsi tout risque de limitation dans le choix de traitements.

L’opération permet à Roche de prendre pied à son tour sur le segment des thérapies géniques, imitant en ce sens son voisin Novartis qui avait mis en mai 2018 près de 9 milliards de dollars sur la table pour le rachat d’un autre groupe américain, Avexis.

Une plateforme, trois franchises

La franchise expérimentale en hémophilie de Spark comprend - outre le SPK-8011 en étude clinique de phase III contre la forme A de la maladie - le fidanacogène élaparvovec contre l’hémophilie B, développé conjointement avec le géant américain Pfizer.

Le laboratoire pennsylvanien développe également des thérapies géniques contre d’autres troubles hépatiques, ainsi que contre des maladies oculaires héréditaires ou encore des maladies neurodégénératives et du système nerveux central, employant dans tous les cas des vecteurs viraux adéno-associés (AAV) maisons.

Spark Therapeutics peut se targuer d’avoir reçu le premier feu vert de l’Agence sanitaire américaine (FDA) pour une thérapie génique en 2017: le Luxturna (vorétigène néparvovec) contre une forme de dystrophie rétinienne.

Ce traitement fait depuis début 2018 l’objet d’un accord de développement et de commercialisation avec Novartis, conférant à l’autre colosse pharmaceutique rhénan les droits de distribution en dehors des Etats-Unis. La Commission européenne a validé sa prescriptibilité fin d’année dernière.

Dix mois de gestation

Les dix mois de délai ont mis les nerfs des investisseurs à rude épreuve, mais la concrétisation de l’opération permet à Roche de ne pas manquer le virage des thérapies géniques comme il l’avait fait avec l’immuno-oncologie, analyse la Banque cantonale de Zurich. Spark Therapeutics constitue avec Avexis le fer de lance de cette nouvelle génération de traitements, poursuit l’établissement zurichois.

Vontobel s’étonne encore et toujours des suspicions de conflit d’intérêts autour de l’hémophilie A. La banque de gestion rappelle au passage que le SPK-8011 n’est pas encore homologué et risque fort de ne pas devenir la première thérapie génique contre cette maladie à obtenir l’aval des régulateurs. Le potentiel commercial de ce traitement expérimental est devisé à 573 millions de dollars en 2022 et celui de l’ensemble de l’incubateur de Spark à 947 millions.

A 10h24, le bon de jouissance Roche cédait 0,4% à 302,80 francs, dans un SMI en retrait de 0,21%.

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