Pétrole: Saoudiens et Emiratis accentuent la pression

AWP

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Les deux alliés majeurs au sein de l’Opep annoncent qu’ils pourraient inonder les marchés mondiaux d’or noir, dont les cours replongent.

L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, deux alliés majeurs au sein de l’Opep, ont accentué la pression dans la guerre des prix pétroliers qu’ils livrent à la Russie en annonçant qu’ils pourraient inonder les marchés mondiaux d’or noir, dont les cours replongeaient mercredi.

L’Arabie saoudite, chef de file de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), fait pression pour que la Russie - deuxième producteur mondial mais non membre de l’Opep - accepte une réduction de la production mondiale de brut afin de compenser une baisse de la demande provoquée par l’épidémie de nouveau coronavirus.

Depuis le refus la semaine dernière de Moscou, Ryad a procédé à la plus forte baisse de ses prix en 20 ans, s’efforçant de capter des parts de marché de Moscou et déclenchant un séisme sur les marchés financiers, qui affecte tout particulièrement la Russie.

Au lendemain d’un rebond sur les places boursières, le géant pétrolier Saudi Aramco a annoncé mercredi qu’il envisageait d’augmenter sa capacité de production de pétrole d’un million de barils par jour (bpj), pour la porter à 13 millions.

«Saudi Aramco annonce avoir reçu une directive du ministère de l’Energie visant à augmenter sa capacité maximale durable de 12 à 13 millions bpj», a déclaré l’entreprise publique dans un communiqué publié sur le site internet de la Bourse saoudienne.

Mardi, le premier exportateur mondial de brut avait déjà décidé d’augmenter sa production d’au moins 2,5 millions bpj pour atteindre un niveau record de 12,3 millions bpj à partir d’avril.

Les cours du pétrole ont encaissé lundi leur pire chute en près de 30 ans, en plongeant d’environ 25% avant de rebondir le lendemain. Mercredi, après l’annonce de Saudi Aramco, ils sont repartis à la baisse.

«Un accord est essentiel»

Le baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en avril, a finalement plongé de 4%, ou 1,38 dollar, pour finir à 32,98 dollars.

Le baril de Brent, référence européenne, pour mai, a perdu de son côté 1,43 dollar, soit 3,8%, à 35,79 dollars.

De leurs côtés, les Emirats, quatrième producteur de l’Opep et proche alliés de Ryad dans le Golfe, se sont aussi dits prêts à augmenter leur production de plus d’un million bpj.

«Conformément à notre stratégie de croissance de la capacité de production (...) nous sommes en mesure d’approvisionner le marché avec 4 millions de barils par jour (bpj) en avril», a indiqué Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc) dans un communiqué.

«Par ailleurs, nous allons accélérer notre objectif de capacité à 5 millions bpj», a renchéri l’entreprise publique émiratie, qui produit jusqu’ici environ 3 millions bpj.

«Les opérateurs des Emirats disposent d’une capacité de production importante qui sera rapidement mise en service compte tenu des circonstances actuelles», a prévenu le ministre émirati de l’Energie, Souheil al-Mazrouei, sur Twitter.

Mais son pays est «convaincu qu’un nouvel accord (entre l’Opep et la Russie) est essentiel pour soutenir un marché équilibré et moins volatil», a-t-il ajouté.

Russie «renforcée», selon Poutine

Les annonces des Saoudiens et des Emiratis ne semblent toutefois pas avoir fait plier Moscou. Le président russe, Vladimir Poutine, s’est montré confiant lors d’une réunion avec des investisseurs, se disant «certain» que l’économie russe sortirait «renforcée».

«Je suis certain que la Russie traversera cette période turbulente avec calme et dignité», a assuré le chef de l’Etat, déjà confronté en interne à d’énormes défis économiques et à une contestation contre sa révision constitutionnelle lui permettant de se maintenir au pouvoir après la fin de son mandat actuel.

Mardi, le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, avait déclaré ne pas «fermer la porte» aux négociations avec les pays de l’Opep. Le récent désaccord de Moscou «ne signifie pas qu’à l’avenir nous ne pourrons plus coopérer», avait-il ajouté.

Le royaume saoudien affirme avoir une capacité de production de 12 millions bpj, mais il reste difficile de savoir si ce rythme sera viable à long terme.

L’Arabie dispose également de dizaines de millions de barils de brut stockés dans des réserves stratégiques, censées être utilisées en cas de besoin, et pourrait s’en servir pour fournir les barils supplémentaires.

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