Nestlé se heurte à l’inflation au premier semestre et abaisse ses objectifs

AWP

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Pour l’ensemble de l’exercice, la direction du géant de l’alimentation a revu ses prévisions à la baisse, visant désormais une croissance d’au moins 3%, contre 4% auparavant. L’action chute.

Nestlé a bouclé le premier semestre sur des recettes en repli au premier semestre, dû à des cessions et à des effets de change. A cela s’ajoute un net coup de frein aux augmentations de prix, qui a conduit la direction à revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour l’ensemble de l’année.

Sur les six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires a reculé de 2,7% sur un an à 45 milliards de francs, indique jeudi la multinationale veveysane dans un communiqué. En termes organiques, soit corrigé des effets de devises, des acquisitions et des cessions, la croissance s’est cependant établie à 2,1%.

La croissance interne réelle (RIG), qui correspond aux volumes, a quant à elle regagné la zone positive, s’établissant à 0,1%, à la faveur d’un net rebond au deuxième trimestre, passant à 2,2%, contre -2,1% à fin mars. L’amélioration a été observée dans toutes les régions et dans toutes les catégories de produits. «Pour le reste de l’année, nous continuerons à favoriser la croissance interne réelle», a indiqué l’administrateur délégué (CEO) Mark Schneider lors d’une téléconférence.

Au niveau de la rentabilité, le résultat opérationnel (Ebit) courant récurrent s’est inscrit à 7,8 milliards en repli de 0,8% sur un an, pour une marge afférente de 17,4%, en hausse comparé aux 17,1% de l’an passé. Le bénéfice net est quant à lui resté stable à 5,6 milliards. Les flux de trésorerie sous-jacents se sont étoffés de 1,2 milliard de francs à 4 milliards.

Ces chiffres sont globalement conformes aux attentes des analystes qui tablaient sur un chiffre d’affaires de 45,1 milliards, une croissance organique de 2,4% et une RIG de -0,5%. L’Ebit était attendu à 7,8 milliards et la marge correspondante à 17,3%.

Croissance en Europe

Au niveau géographique, la croissance organique a été nourrie par l’Europe où elle a progressé de 4,5% à la faveur d’un effet de prix de 3,1% et d’une RIG de 1,3%. La zone Amérique du Nord affiche de son côté une croissance organique en repli de 0,1%. La croissance interne réelle s’est inscrite à -1,5%, enregistrant toutefois un fort rebond au deuxième trimestre dû des commandes plus importantes que d’habitude provenant de certains détaillants en prévision des principales campagnes promotionnelles de juillet.

Pour ce qui est des divisions, Nestlé Health Science a retrouvé une croissance organique positive de 0,1% et une RIG de -0,2%. Elle «se rétablit «comme prévu et se prépare à un deuxième semestre solide», a souligné Mark Schneider. Après avoir connu des difficultés d’approvisionnement fin 2023, les ventes de vitamines et autres compléments alimentaires ont progressé au cours du deuxième trimestre en particulier Europe. Le plan d’intégration est conforme à la feuille de route, a ajouté le CEO.

Quant à Nespresso, le chiffre d’affaires a reculé de 1% à 3,1 milliards de francs. La croissance organique a progressé de 1,8% et la croissance interne réelle de 1,1%. L’effet de prix est chiffré à 0,7%.

Concurrence intensifiée sur les prix

De manière générale, la croissance a été affectée à hauteur de 4,4% par les taux de change et de 0,4% par la coentreprise avec PAI Partners pour les activités de pizzas surgelées Buitoni éclaboussées par le scandale des produits contaminés par la bactérie E. coli en France.

A ces facteurs s’ajoute un ralentissement «plus rapide qu’anticipé» des augmentations de prix, a commenté le directeur général Mark Schneider lors d’une téléconférence. Ces hausses avaient soutenu la croissance du groupe pendant plusieurs trimestres. Au cours de la période sous revue, Nestlé a renchéri ses produits de 2% en moyenne, mais de 0,6% seulement entre avril et juin, contre encore 3,4% au premier trimestre.

«L’environnement de prix est devenu plus difficile», a pointé Mark Schneider. La hausse de l’inflation ces deux dernières années a mis les consommateurs sous pression et le groupe adaptera ses prix moins que prévu. «Les entreprises du secteur de l’alimentation et des boissons répondent à un tout nouveau niveau d’intensité promotionnelle dans toutes les catégories de produits», a encore ajouté le CEO.

Dans ce contexte, la direction du géant de l’alimentation a revu ses objectifs à la baisse pour l’ensemble de l’exercice, visant désormais une croissance d’au moins 3%, contre 4% auparavant. Le bénéfice récurrent par action à taux de change constants est attendu autour de 5%, contre 6 à 10% jusqu’à présent. Les prévisions restent inchangées en ce qui concerne la marge opérationnelle ajustée qui devrait connaître une progression modérée.

Ces ajustements de perspectives ont fait l’effet d’une «douche froide», a souligné Jean-Philippe Bertschy de Vontobel, qui les juge toutefois plus réalistes. Du côté de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), on s’étonne même que Nestlé n’ait pas fait ce pas en avril déjà. Patrik Schwendimann estime cependant que dans son ensemble la performance devrait permettre au groupe de regagner la confiance. Un avis que partage l’expert de Vontobel, soulignant la solidité de la rentabilité et le redressement «surprenant» de croissance interne réelle (RIG).

A la Bourse suisse, le titre a clôturé jeudi soir en recul de 5,07% à 88,82 francs, dans un SMI en repli de 0,8%.

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