L’or a continué d’exploser ses précédents records historiques cette semaine, la vague d’inquiétude autour des tensions géopolitiques se transformant en frénésie d’achat partiellement déconnectée des facteurs influençant habituellement les prix.
Le métal jaune a ainsi touché vendredi 2’431,52 dollars l’once, du jamais vu. Depuis début mars, le prix d’une once d’or a grimpé d’environ 18%.
«L’or continue de se renforcer», poussé par la crainte des investisseurs de passer à côté de l’occasion, pris d’une «peur de rater quelque chose» (en anglais «FOMO», ou «fear of missing out»), estime Ole Hansen, analyste de Saxobank.
Le catalyseur de cette ascension fulgurante des prix est à rechercher dans «les tensions géopolitiques», rappelle Han Tan, analyste chez Exinity, tandis que les achats «des banques centrales, associés aux craintes persistantes concernant les risques économiques, offrent un vent favorable supplémentaire au métal précieux».
L’or est considéré comme une valeur refuge, alors que persiste le risque de représailles de Téhéran après la frappe attribuée à Israël qui a détruit début avril une annexe de l’ambassade iranienne à Damas en Syrie.
Les menaces d’attaque iranienne contre Israël sont «crédibles» et «réelles», a dit vendredi un porte-parole de la Maison Blanche, qui n’a pas voulu donner plus de détails sur le moment ou les cibles.
«L’ascension vertigineuse de l’or» est cependant surprenante, note Han Tan, «à la lumière du rebond du dollar américain suite à la baisse des paris sur une baisse des taux de la Fed (Réserve fédérale, ndlr) cette année», après la publication mercredi d’une inflation américaine plus élevée qu’anticipé par les économistes.
Or les opérateurs délaissent traditionnellement le métal jaune au profit du billet vert lorsque le rendement du dollar est intéressant.
L’argent suit la même trajectoire, enregistrant un plus haut depuis février 2021, à 29,79 dollars l’once.
Vendredi, vers 15H25 GMT (17H25 à Paris), l’once d’or s’échangeait à 2.400,27 dollars, contre 2.329,75 dollars sept jours plus tôt.
Le cuivre rutile
Le cours du cuivre ont gonflé cette semaine sur le London Metal Exchange (LME), portés par un marché qui se resserre face à la forte demande et l’offre minière en baisse.
Vendredi, le cuivre a grimpé jusqu’à son plus haut prix depuis juin 2022 à plus de 9.590 dollars la tonne.
«Au cours des six dernières semaines, le prix du métal a grimpé de manière constante, soutenu par la croissance mondiale et l’optimisme de la demande, ainsi que par la révision à la baisse de l’offre minière jusqu’en 2024», explique Ole Hansen, analyste chez Saxobank.
En outre, «la transition verte en cours et l’utilisation accrue des applications d’IA (intelligence artificielle, ndrl) augmentent la demande des secteurs traditionnels comme le logement et la construction», poursuit M. Hansen.
Les propriétés du cuivre, en particulier sa forte conductivité, en font en effet un métal clé pour la transition énergétique, intervenant notamment dans la composition des batteries de véhicules électriques.
«Habituellement, un prix du cuivre ferme serait considéré comme un bon signe pour la santé de l’économie mondiale», explique Russ Mould, analyste chez AJ Bell.
«La malléabilité, la conductivité et la ductilité (le fait de pouvoir être déformé sans rompre, ndlr) du métal permettent nombreuses utilisations industrielles dans les infrastructures, la construction et l’automobile, pour n’en citer que trois», poursuit-il.
Cette fonction de baromètre de l’état de santé de l’économie mondiale lui vaut d’ailleurs le surnom de Docteur Cuivre (Dr Copper).
La dernière avancée du métal pourrait être considérée comme une bonne nouvelle pour l’économie globale selon M. Mould, au moins «à certains égards, même si elle ne correspond pas nécessairement au récit d’un ralentissement de l’inflation, d’un atterrissage économique en douceur et de réductions des taux d’intérêt des banques centrales».
Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échangeait à 9.485,50 dollars vendredi, contre 9.329,50 dollars à la clôture sept jours plus tôt.
Café et cacao brulent
Les prix du café ont grimpé sur la semaine en raison de conditions météorologiques défavorables, diminuant le rendement des récoltes. Le cacao a quant a lui dépassé les 10.000 dollars la tonne à New York, un nouveau record historique.
«Les conditions météorologiques défavorables en Afrique de l’Ouest et au Vietnam ont fait monter les prix du cacao et du café robusta à des niveaux records», commente Ole Hansen, de Saxobank.
Le café robusta a touché vendredi un plus haut prix depuis le début du contrat en 2008, à 3.903 dollars la tonne, et l’arabica a quant à lui atteint un plus haut prix depuis septembre 2022, à 229,75 cents.
«L’arabica, principalement produit au Brésil, prospère à des altitudes plus élevées, avec une préférence pour les températures fraîches et les précipitations abondantes, tandis que le robusta pousse à des altitudes plus basses, dans des climats plus chauds avec moins de précipitations, conditions que l’on retrouve au Vietnam, le plus grand producteur», explique M. Hansen.
Les prix ont bondi en raison de conditions météorologiques défavorables, pesant sur l’ampleur des récoltes dans ces deux régions productrices clefs «et a entraîné une baisse des niveaux de stocks mondiaux», poursuit-il.
Sur l’ICE Futures US de New York, la livre d’arabica pour livraison en juillet valait 227,60 cents, contre 211 cents sept jours auparavant.
Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison le même mois valait 3.888 dollars vendredi contre 3.679 dollars il y a une semaine à la clôture.
Le cacao s’envolait quant à lui encore et encore repoussant son record historique à New York et dépassant la barre des 10.000 dollars la tonne.
Cette nouvelle poussée des prix est attribuée aux nouvelles venant du Ghana, deuxième pays producteur au monde de cacao.
Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank invoque «le manque de disponibilité des fèves de cacao après que la récolte principale s’est révélée faible et que la récolte intermédiaire actuelle semble également décevante».
«La pénurie d’approvisionnement devrait donc perdurer jusqu’à fin septembre», affirme-t-il.