Matériel de guerre: exportations presque doublées

AWP

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Les ventes à l’étranger ont bondi à 501 millions de francs sur la première moitié de cette année, contre 272 millions à la même période de 2019.

Les exportations de matériel de guerre ont presque doublé au premier semestre de cette année. Elles se sont établies à plus de 501 millions de francs, contre 272 millions à la même période de 2019.

L’Europe arrive en tête des destinataires. Elle a importé pour presque 270 millions de francs d’armes suisses, selon les chiffres du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) publiés mardi.

Les véhicules blindés et les munitions sont les plus prisés. Le Danemark a ainsi déboursé plus de 80 millions de francs et la Roumanie plus de 57 millions pour les premiers. L’Allemagne a elle acquis pour près de 26 millions de francs de munitions.

Avec plus de 124 millions de francs d’importation, l’Asie est également un bon client. L’Indonésie totalise la très grande majorité de ces achats. Jakarta s’est procuré diverses armes pour 50 millions et du matériel de conduite de tir pour 60 millions. En Afrique, le Botswana a acheté le plus d’armes suisses pour 64 millions.

Presque autant qu’en 2018

Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) s’est indigné face à ces chiffres. C’est presque autant que durant toute l’année 2018 (509 millions), écrit-il dans un communiqué publié mardi. «Cette augmentation n’est pas seulement choquante par rapport au rôle international de la Suisse, mais aussi au comportement de l’industrie de l’armement», commente Thomas Bruchez.

Et le secrétaire politique chez le GSsA d’expliquer: «Elle se plaint depuis des années de souffrir économiquement, pour obtenir un assouplissement des critères d’exportation. Et maintenant, dans une période, où de nombreuses entreprises se battent pour survivre, elle se porte comme un charme. C’est nauséabond!»

Le GSsA s’insurge en particulier contre les ventes aux pays impliqués dans la guerre au Yémen. L’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Qatar ont acheté pour quelque 5 millions de francs d’armes suisses.

Les exportations vers le Brésil (18 millions), où les violations des droits humains se sont multipliées sous la présidence de Jair Bolsonaro, inquiètent aussi le GSsA. De même que celles vers Israël (632’000 francs), qui mène une politique d’annexion dans les territoires palestiniens, ou le Pakistan (491’000), qui entretient une relation tendue avec son voisin indien.

Responsabilité de la Suisse

Des inquiétudes partagées par Terre des hommes Suisse. «De nos projets dans des pays fortement touchés par la violence, comme le Brésil ou l’Afrique du Sud, nous savons une chose: une augmentation des armes et une politique sécuritaire répressive entraînent un cercle vicieux de violences mortelles», partage Andrea Zellhuber de la section prévention de la violence de Terre des hommes Suisse.

Un accès facilité à des armes à feu puissantes, venant aussi de l’étranger, aggrave la spirale de la violence, poursuit-il. «La Suisse porte une grande part de responsabilité. Elle ne doit pas exporter des armes vers des pays, qui violent systématiquement les droits humains».

Pour les deux associations, les chiffres du Seco démontrent à quel point l’initiative «dite correctrice» est nécessaire. Le texte veut interdire les exportations d’armes dans les pays en proie à la guerre civile, et ceux qui violent gravement et systématiquement les droits humains.

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