Lonza mise sur la pharma en se délestant des spécialités chimiques

AWP

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En cédant la subdivision Specialty Ingredients, le groupe suit avec 20 ans de retard l’exemple de Roche. L’action recule.

Lonza va mettre en vente au second semestre ses activités dans les spécialités chimiques concentrées dans la subdivision Specialty Ingredients (LSI) pour se tourner sur le bien plus rentable segment pharmaceutique et biotechnologique.

«Nous étions à la fois un petit BASF - avec des craqueurs de pétrole - et un petit Roche. Le tout en une seule entreprise», a illustré vendredi le président et directeur général intérimaire Albert Baehny en conférence de presse. Lonza suit ainsi avec vingt ans de retard l’exemple du mastodonte pharmaceutique rhénan.

L’option d’une vente de LSI plutôt que d’une introduction en Bourse un temps envisagée a notamment été privilégiée en raison d’un délai d’exécution plus rapide.

Sur le plan opérationnel, le détenteur de la meilleure performance boursière depuis le début de l’année parmi les grandes valorisations n’a pas non plus déçu les observateurs.

Le chiffre d’affaires semestriel a progressé de 3,3% à 3,07 milliards de francs et l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) de base - apuré de tout élément jugé exceptionnel - de 7,9% à 893 millions. Le bénéfice net s’est envolé de plus d’un cinquième à 478 millions.

La principale subdivision Pharma Biotech and Nutrition (LPBN) a affiché une croissance de plus de 10% pour générer des recettes de 2,23 milliards. Les revenus de LSI ont stagné à 819 millions.

Les analystes sondés par AWP avaient vu presque tout juste en termes de chiffre d’affaires, mais plafonnaient l’Ebitda de base à 890 millions.

La direction anticipe à nouveau sur l’ensemble de l’exercice une croissance supérieure à 5%, assortie d’une marge opérationnelle ajustée stable. Le groupe prévient toutefois que ces perspectives - qui avaient été mises entre parenthèses à l’issue du premier partiel - demeurent largement indicatives en cette période d’incertitudes.

Projet phare à faire mûrir

Ne manquant pas de revenir sur l’évènement majeur pour Lonza qu’a constitué la conclusion début mai d’un partenariat avec l’américain Moderna autour d’un vaccin expérimental contre le Covid-19, les responsables se sont montrés plus discrets au moment d’en aborder le potentiel impact en termes de recettes.

La substance se trouvant encore à un stade de développement clinique, «toute considération sur ses recettes ou les marges de Lonza manquerait de sérieux», a tranché M. Baehny. Le remplaçant au pied levé de Marc Funk et futur prédécesseur dès novembre de Pierre-Alain Ruffieux a toutefois précisé que la production sera répartie sur quatre sites, dont Viège, et nécessitera un investissements de 70 millions de francs dans chacun des cas.

Les analystes ne tarissent pas d’éloges sur la marche des affaires de Lonza, saluant au passage le recentrement sur les activités les plus porteuses.

Jefferies évoque une «impressionnante dynamique», caractérisée notamment par des marges étonnamment généreuses et une confirmation des ambitions pour l’ensemble de l’année. Goldman Sachs s’étonne d’ailleurs de la reconduction de la feuille de route à court terme, alors que les attentes semestrielles ont été plus que comblées.

Dithyrambique, Vontobel applaudit la rentabilité insoupçonnée de LPBN et souligne que les investissements consentis pour la croissance n’ont pas encore porté leurs fruits. L’externalisation prochaine de LSI va affûter encore le profil de Lonza, surenchérit la banque de gestion. UBS devise la valorisation de la subdivision à près de 3,8 milliards de francs.

La nominative Lonza a terminé la séance en baisse de 0,9% à 563,20 francs, faisant moins pire que son indice de référence SLI (-1,57%).

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