Les réassureurs misent sur la progression du marché de l’assurance

AWP

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Réunis depuis dimanche à Monaco, les professionnels du secteur tablent également sur les nouveaux risques technologiques.

Bousculé par une érosion des tarifs ces dernières années et plusieurs catastrophes majeures en 2017, le monde de la réassurance espère des jours meilleurs, misant sur une progression de l’assurance et de nouveaux risques technologiques.

«L’environnement de marché mondial reste difficile en réassurance dommages. Les énormes dégâts provoqués par des catastrophes naturelles l’an passé ont conduit à une remontée des tarifs de réassurance dans les régions concernées, mais qui s’est toutefois révélée moindre que prévu», a souligné le réassureur allemand Hannover Re lors d’une conférence de presse à Monte-Carlo.

Les réassureurs, chargés d’assurer les assureurs contre les grands risques, sont réunis depuis dimanche à Monaco dans le cadre des Rendez-vous de septembre, grand-messe annuelle qui marque traditionnellement le coup d’envoi de discussions avec les clients en vue du renouvellement des contrats en janvier.

En 2017, plusieurs ouragans dévastateurs dans la zone des Caraïbes et le sud-est des Etats-Unis avaient infligé d’importantes pertes au secteur de l’assurance et de la réassurance. A eux seuls, les tempêtes Harvey, Irma et Maria avaient provoqué pas moins de 220 milliards de dollars de dégâts, dont environ 90 milliards couverts par les assureurs.

Stabilité attendue des renouvellements

Les catastrophes avaient permis aux tarifs pratiqués par les réassureurs de repartir à la hausse, après plusieurs années de lente érosion, mais «la compétition continue à être intense et influence clairement la situation des prix», d’autant qu’à ce stade l’année 2018 s’est distinguée par un niveau de catastrophes limité, remarque Hannover Re.

«Le développement des pertes liées aux ouragans l’an dernier ainsi que le bas niveau de dégâts majeurs survenu jusqu’à présent cette année seront cruciaux pour déterminer les prix dans la réassurance dommage», ajoute le réassureur de Hanovre, qui s’attend néanmoins à une stabilité générale lors des renouvellements de contrats du 1er janvier.

Le secteur souffre de longue date d’une concurrence exacerbée doublée de l’apparition de nouvelles formes de réassurance sur les marchés, créant un phénomène de surcapacités qui tire les prix à la baisse. En parallèle, l’environnement de taux d’intérêts très bas complique la tâche de faire fructifier l’argent collecté auprès des clients.

Malgré ces vents contraire, le secteur de la réassurance, dont l’activité annuelle pèse pour 250 milliards de dollars, n’en conserve pas moins une assise financière solide qui lui a permis de surmonter l’épreuve de 2017 sans trop de casse.

«Grâce à une bonne gestion des risques et à une politique rigoureuse de souscription, les bilans des réassureurs vont demeurer robustes tandis que la légère augmentation des tarifs dans le sillage des phénomènes météorologiques violents de 2017 et la hausse des taux d’intérêt doperont les bénéfices», souligne ainsi James Eck, analyste crédit pour l’agence Moody’s.

Montée des cyber-risques

«L’environnement reste compliqué, mais des opportunités de croissance existent à court et long terme», souligne le réassureur helvétique Swiss Re, notant que deux milliards de personnes dans le monde n’ont toujours aucun accès à l’assurance.

«Le fait de s’attaquer à ce retard de protection constitue l’opportunité la plus prometteuse», ajoute le groupe, selon qui cet écart «persiste aussi bien dans les pays émergents qu’avancés, et dans toutes les lignes métiers, avec un volume potentiel mondial de primes estimé à 800 milliards de dollars».

Le réassureur met aussi en avant l’émergence de nouveaux risques: «la technologie change la nature des risques elle-même, à la fois en l’atténuant et en créant de nouvelles catégories de risque».

Plus particulièrement, les cyber-risques, qu’il s’agisse de cyber-criminalité, de logiciels malveillants ou encore de cyber-terrorisme, «sont l’une des plus grandes menaces pour l’économie connectée», a souligné à Monaco Torsten Jeworrek, l’un des dirigeants du réassureur allemand Munich Re.

Selon Munich Re, l’assurance des risques numériques a représenté au niveau mondial un marché d’un peu moins de 5 milliards de dollars en 2017, mais pourrait atteindre un montant compris entre 8 et 9 milliards d’ici à 2020.

A plus long terme, d’ici à 2030, ce marché pourrait même représenter jusqu’à 20 milliards, affirme le réassureur, qui s’attend à ce que le nombre d’appareils connectés, actuellement évalué à 27 milliards, bondisse à 125 milliards d’ici dix ans.

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