Le yen accentuait son rebond jeudi, après avoir atteint des niveaux particulièrement bas, renforçant les prévisions d’une intervention du Japon sur le marché des changes, tandis que le rand dérapait face aux incertitudes politiques en Afrique du Sud.

Vers 15H40 GMT (17H40 à Paris), la devise nippone remontait de 0,64% face au billet vert, à 156,63 yens pour un dollar, et avançait de 0,25% face à la monnaie unique européenne, à 169,84 yens pour un euro.

Dès la veille au soir, les investisseurs jugeaient en effet qu’en franchissant «157 yens pour un dollar, la paire dollar-yen est entrée dans la zone d’intervention sur le marché des changes» du Japon, qui pourrait choisir d’agir pour soutenir sa devise, a noté Fawad Razaqzada, analyste de City Index.

Par ailleurs, «le yen japonais s’apprécie alors que les cambistes parient sur une nouvelle hausse des taux par la Banque du Japon» (BoJ), également susceptible de remonter le cours du yen, complète Patrick Munnelly, analyste de Tickmill.

Plombé par la politique monétaire accommodante de la banque centrale japonaise et la hausse des rendements obligataires américains, le yen était jusqu’ici à la peine face au dollar et a frôlé son plus bas depuis 1992 face à l’euro.

Plus tôt cette semaine, la monnaie nippone était également tombée à 200,74 yens pour une livre, son niveau le plus faible face à la devise britannique depuis août 2008.

Cependant, «le Japon a clairement indiqué qu’il était plus préoccupé par la vitesse de la dépréciation du yen que par les niveaux spécifiques auxquels il s’échange», tempère M. Razaqzada.

La croissance des Etats-Unis, qui a ralenti au premier trimestre 2024 plus qu’initialement annoncé, à 1,3% au lieu de 1,6% selon une deuxième estimation, a également accéléré la chute du dollar face au yen.

Une autre valeur refuge, la devise helvétique, bondissait jeudi de 1,01% contre le billet vert, à 0,9040 franc suisse pour un dollar.

En effet, une nette majorité d’analystes anticipe que «la Banque nationale suisse (BNS) maintienne son taux directeur à 1,50%» lors de sa prochaine réunion de juin, avance UBS.

Par ailleurs, le rand sud-africain chutait jeudi à mesure que parviennent les résultats des élections législatives, dévissant de 1,06% face au billet vert, à 18,59 rands pour un dollar.

En perte de vitesse, le Congrès national africain (ANC), qui pendant trois décennies a joui d’une loyauté infaillible des électeurs après avoir libéré l’Afrique du Sud du régime de ségrégation raciale, risque pour la première fois de perdre sa majorité absolue au Parlement.

«Les incertitudes politiques pèsent sur le rand (...) alors que l’appréciation généralisée du dollar n’aide pas», résume Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote, interrogée par l’AFP.

Enfin, les analystes ne s’attendent pas à de gros changements du côté de l’indice d’inflation PCE pour avril aux Etats-Unis, qui sera publié vendredi, le même jour que l’inflation de mai en zone euro.