Le rouble a atteint mardi son plus bas niveau face au dollar depuis près d’un an, lesté par le ralentissement de l’économie russe et la baisse des achats de roubles.
Vers 18H20 GMT, la devise russe dévissait de 0,77%, à 96,82 roubles pour un dollar. Plus tôt, elle était descendue à 96,90 roubles, son niveau le plus bas depuis octobre 2023.
«La croissance a ralenti et, dans de nombreux secteurs, elle s’est plus ou moins arrêtée», a analysé auprès de l’AFP Iikka Korhonen, responsable de la recherche au Bofit, institut dépendant de la banque centrale de Finlande.
La balance commerciale russe s’est détériorée ces derniers mois et les investissements étrangers en Russie sont en baisse, une situation due notamment aux sanctions mises en place par la communauté internationale à l’encontre du pays.
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, «il y a eu très peu d’investissements étrangers», à part «quelques projets chinois», a noté M. Korhonen, Pékin étant devenu le principal partenaire commercial de Moscou.
La Russie connaît également un taux d’inflation élevé, la hausse des prix étant tirée par l’envolée des dépenses publiques visant à soutenir l’offensive en Ukraine, amputant le pouvoir d’achat des habitants.
La hausse des prix a atteint en août 9,05% sur un an en Russie, selon des chiffres officiels, en très léger ralentissement par rapport à juillet où l’inflation était montée à 9,13%, soit son plus haut niveau depuis février 2023.
Pour juguler l’inflation, la Banque centrale de Russie (BCR) avait remonté son taux directeur à 19% mi-septembre. Le taux directeur avait déjà été relevé fin juillet de 16% à 18%.
La BCR «augmente ses taux d’intérêt et la plupart des autres banques centrales les abaissent, ce qui devrait soutenir le rouble, mais cela ne fonctionne pas», a commenté M. Korhonen.
Par ailleurs, les grands exportateurs russes ont réduit de 30% leurs achats de roubles sur le marché par rapport au mois d’août, selon la BCR. Ces sociétés sont généralement payées en devises étrangères et convertissent ensuite le produit de leurs exportations en roubles.
«Il s’agit là d’une explication plausible de la pression exercée sur le rouble en septembre», a souligné Tatiana Orlova de Oxford Economics. Selon cette experte, les recettes ont notamment chuté «parce que le prix du pétrole russe a baissé en même temps que les prix mondiaux» mi-septembre.
«Leurs recettes d’exportation ont également été affectées par la diminution de la production de pétrole, qui, en septembre, était presque conforme à l’engagement de la Russie envers l’Opep+», ajoute-t-elle, en référence à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés de l’accord Opep+.