Le gaz naturel européen flanchait lundi, passant sous le seuil des 30 euros le MWh, les niveaux de stocks confortables en Europe cumulés à la faiblesse de la demande malgré le froid pesant sur les prix, quand le pétrole poursuivait sa baisse.
Vers 16H20 GMT (17H20 à Paris), le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, baissait de plus de 6%, à 29,900 euros le mégawattheure (MWh), peu après avoir touché 29,285 euros, un plus bas prix depuis août 2023. Et ce, malgré la vague de froid qui sévit actuellement en Europe.
«Cela s’explique par des niveaux de stocks (en Europe) encore très élevés, supérieurs à 80%, alors que la moitié de l’hiver est déjà passée», explique Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.
«Une vague de froid a balayé l’Europe ces derniers jours, mais n’a guère contribué à soutenir les prix du gaz», fait en effet remarquer Adnan Dhanani, de chez RBC.
Mais selon l’analyste, un mois de décembre plus chaud que prévu, en «Europe centrale, en Europe du Nord-Ouest et dans la région méditerranéenne, qui représentent collectivement plus de 90% de la demande européenne de gaz», a laissé les stocks de gaz à un niveau confortable pour le début de l’année.
«Malgré des prévisions légèrement plus froides pour le reste de l’hiver, la faiblesse persistante de la demande de gaz et la robustesse de l’offre» pèsent sur les prix, poursuit-il.
Le chauffage est le principal moteur de la demande de gaz pour les particuliers pendant les mois d’hiver, mais la hausse du coût de la vie dans de nombreux pays européens a poussé beaucoup de foyers à limiter leur consommation.
Ainsi, «la demande de gaz dans l’UE est restée bien en deçà des niveaux d’avant le conflit en 2023», poursuit M. Dhanani.
Les prix du pétrole poursuivaient quant à eux leur baisse, la prime de risque géopolitique s’amenuisant avec l’absence de perturbations tangibles de l’offre au Moyen-Orient.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, perdait 0,49%, à 77,91 dollars, quand son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en février, baissait de 0,62%, à 72,23 dollars.
«La prime de risque géopolitique sur les marchés pétroliers» s’est essoufflée, explique Stephen Innes, analyste chez SPI AM, «car la production n’a pas été menacée» pour le moment.
Les tensions se sont accentuées en mer Rouge où les rebelles yéménites Houthis soutenus par l’Iran attaquent des navires qui seraient liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.
Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené vendredi et samedi en riposte des frappes contre des sites Houthis.
Ces frappes avaient provoqué vendredi un fort rebond des cours des deux références mondiales de l’or noir, renforçant les craintes du marché d’une escalade du conflit.
Ces inquiétudes se sont estompées «étant donné que ni la production ni les flux passant par le détroit d’Ormuz n’ont été touchés», affirme Stephen Innes.
Depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël «la production pétrolière de la région, qui s’élève à environ 21 millions de barils par jour, n’a pas été touchée», souligne également Tamas Varga, analyste chez PVM Energy.