Le commerce mondial de marchandises fera mieux que prévu en 2021

AWP

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L’OMC a affirmé que le pic d’avant pandémie sera dépassé de près de 5%. Contrairement aux rumeurs, sa directrice générale dit n’avoir pas menacé de démissionner.

Le commerce de marchandises devrait progresser de 10,8% en 2021, davantage que les 8% prévus en mars. Lundi à Genève, l’OMC a affirmé que le pic d’avant pandémie sera dépassé de près de 5%. Contrairement aux rumeurs, sa patronne dit n’avoir pas menacé de démissionner.

Pour 2022, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) anticipe aussi une embellie supérieure que celle qu’elle avait prévue en mars, à 4,7% contre 4%. La directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala a salué à la presse ces extensions liées à une relance de la demande, mais appelle à ne pas être «complaisants». Cette croissance devrait se modérer lorsque la situation reviendra sur la courbe à long terme d’avant le coronavirus.

Les problèmes sur les semi-conducteurs et les retards accumulés dans les ports pourraient provoquer des tensions dans certaines branches. Mais sans avoir de conséquences importantes sur le chiffre total du commerce mondial. La principale menace reste la pandémie elle-même. L’approvisionnement lié au transport maritime devrait se rétablir «dans les prochains mois» et la demande de fret aérien s’est rapidement étendue pendant la pandémie, affirme l’économiste en chef de l’OMC.

Le commerce a été très important pour lutter contre le coronavirus et le restera pour la relance de l’économie mondiale, selon Dr Ngozi. «Mais l’accès inéquitable aux vaccins aggrave la divergence économique entre les régions», dit-elle.

Appel à l’«unité» face à la pandémie

Si les importations de l’Asie devraient augmenter de près de 10% cette année par rapport à la situation d’avant la pandémie, celles des pays les plus pauvres reculeront de 1,6% sur cette période. Le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Est de l’Europe sont les plus affectés. Côté exportations, les deux premières régions et l’Amérique du Sud verront une relance la moins importante.

Au deuxième trimestre, le commerce mondial a augmenté de 22% mais il devrait diminuer de plus de 6% au quatrième. Le commerce des services reste de son côté derrière celui des marchandises. L’OMC s’attend encore à ce que le Produit intérieur brut (PIB) mondial augmente de 5,3% cette année, davantage là aussi que les 5,1% annoncés en mars.

En fin d’année prochaine, les améliorations les plus élevées des importations par rapport à la situation d’avant la pandémie seront observées en Asie, dans le nord du continent américain et en Europe. La situation sera similaire côté exportations. Des effets directs à court terme du Brexit ont été identifiés «mais il faudra davantage de temps» pour voir comment elles se reflètent à plus long terme, précise l’économiste en chef.

Avant la ministérielle de fin novembre et début décembre à Genève, Dr Ngozi appelle les Etats à l’»unité» et à «une réponse forte» pour fabriquer plus rapidement de quoi immuniser la population de tous les pays. Les membres sont toujours divisés sur une suspension des brevets sur les technologies anti-coronavirus, dont les vaccins, à laquelle la Suisse est opposée.

Discussions «dures» sur la pêche

Après les prévisions plus positives annoncées lundi, Dr Ngozi veut rester optimiste sur la possibilité d’un succès à la ministérielle. Les discussions sont «dures» et il faut rester «très prudents», admet-elle.

Elle est toujours convaincue que le moment est «le meilleur» depuis 20 ans pour arracher un accord sur l’élimination des subventions illégales à la surpêche, sur lequel s’affrontent notamment l’UE et la Chine. Il faut aider des millions de personnes qui dépendent de la pêche et garantir des mers plus durables, ajoute-t-elle. Selon l’ONU, 90% des stocks marins sont exploités ou surexploités. Au total, un tiers des prises sont liées à la surpêche.

La directrice générale n’exclut pas non plus un possible accord sur le commerce et la santé et sur d’autres composantes encore. Elle relève qu’il faut aussi prendre en considération les avancées sur des questions négociées par certains membres seulement, dont le commerce électronique ou la facilitation des investissements.

Face aux blocages, pas question pour elle de démissionner quelques mois après son arrivée à la tête de l’OMC, contrairement aux rumeurs dans certains médias. «C’est faux. Je suis ici. Je suis contente de mon emploi», insiste la directrice générale.

Plus largement, l’institution reste confrontée à une crise institutionnelle importante. Son tribunal d’appel est toujours bloqué par les Etats-Unis.

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