Lagarde pas convaincue par la Théorie monétaire moderne

AWP

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«Il y a très peu de circonstances où cela peut marcher et nous ne pensons pas qu’il y ait un pays qui tirerait durablement avantage de cette théorie», a déclaré la responsable du FMI.

La directrice générale du FMI Christine Lagarde a mis en garde jeudi contre la «tentation» de la «Théorie monétaire moderne», un concept en vogue auprès de certains politiciens, qui relativise l’importance de l’endettement et des déficits.

«On ne pense pas que la Théorie monétaire moderne soit la panacée», a affirmé la patronne du Fonds monétaire international lors d’une conférence de presse jeudi dans le cadre des réunions de printemps.

«Il y a très peu de circonstances où cela peut marcher et nous ne pensons pas qu’il y ait un pays qui tirerait durablement avantage de cette théorie», a-t-elle ajouté.

Cette doctrine controversée (TMM ou MMT en anglais), apparue dans les années 90, juge que l’endettement souverain n’est pas un handicap si important surtout pour les pays qui peuvent emprunter dans leur propre monnaie comme les Etats-Unis ou le Japon.

La quasi-absence d’inflation ces dernières années dans les grandes économies a donné un regain d’intérêt à cette théorie de la part de certains économistes et personnalités politiques, comme l’étoile montante de la gauche aux Etats-Unis, la jeune élue de New York Alexandria Ocasio-Cortez.

«Même si c’est tentant lorsque vous regardez le modèle mathématique (...), cela pose de gros problèmes», a affirmé Mme Lagarde.

Selon elle, cela «peut marcher sur une courte période», notamment pour des pays qui connaissent une déflation, tant que les taux d’intérêt sont bas, a observé Mme Lagarde. «Jusqu’à ce que ceux-ci remontent et que cela devienne un problème», a-t-elle ajouté.

La patronne du FMI s’est fait ainsi l’écho de sa nouvelle économiste en chef, Gita Gopinath, qui mardi avait averti que les dépenses budgétaires «avaient une limite» contrairement à ce qu’affirment les tenants de cette doctrine et qu’il n’y avait «pas de déjeuner gratuit».

Mme Gopinath, ancien professeur d’économie à la prestigieuse université d’Harvard et considérée comme une experte en politique monétaire et budgétaire, avait souligné que de nombreux pays s’étaient essayé à utiliser «le financement monétaire» pour éponger leurs déficits. «L’expérience suggère que cela se termine souvent par une inflation incontrôlée associée à une chute des investissements et de la croissance», avait-elle averti.

Les défenseurs de cette théorie affirment que, par exemple aux Etats-Unis, tout l’argent est au final créé par l’Etat qui l’imprime et le met en circulation. Par conséquent, selon eux, le gouvernement ne peut jamais être à court d’argent car il peut toujours en créer davantage.

Parmi ses détracteurs, l’ancienne présidente de la Réserve fédérale (Fed) Janet Yellen a récemment indiqué «ne pas être une fan» de la TMM. «C’est une théorie fallacieuse car c’est comme cela que vous obtenez une hyper-inflation», a-t-elle récemment déclaré lors d’une conférence à Hong-Kong.

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