L’euro est passé lundi sous le seuil symbolique de 1,09 dollar, une première depuis deux mois, toujours sapé par la perception des cambistes, qui voient des trajectoires économiques et monétaires divergentes entre Etats-Unis et Europe.
Vers 20H25 GMT, la monnaie unique cédait 0,26% face au billet vert, à 1,0908 dollar pour un euro. Plus tôt, elle est descendue jusqu’à 1,0888 dollar, une première depuis début août.
Le marché obligataire américain était fermé lundi pour cause de jour férié (Columbus Day), ce qui a limité le volume d’échanges, a souligné Brad Bechtel, analyste de Jefferies, occasionnant un surcroît de volatilité.
Depuis plusieurs semaines, le «greenback», surnom de la devise américaine, connaît une ascension irrésistible, alimentée par le recalibrage des attentes des analystes en matière de politique monétaire américaine.
Enthousiasmés par la décision de la banque centrale américaine (Fed) de réduire d’un demi-point de pourcentage son taux directeur en septembre, les intervenants avaient initialement tablé sur une poursuite de l’assouplissement monétaire à un rythme soutenu.
Mais des déclarations mesurées de responsables de la Fed et de bons indicateurs macroéconomiques les ont incités à revoir leur copie.
Après avoir parié sur une nouvelle réduction d’un demi-point en novembre, suivie par une supplémentaire d’un quart de point en décembre, ils n’écartent plus la possibilité d’un seul coup de rabot de 0,25 point de pourcentage d’ici la fin de l’année.
Dans le même temps, ils envisagent de voir le principal taux de référence de la Banque centrale européenne (BCE) tomber sous 3% d’ici la fin de l’année, contre 3,50% actuellement.
Ils attendent de la BCE une nouvelle réduction d’un quart de point lors de sa réunion de jeudi.
Cette divergence s’opère en lien étroit avec la trajectoire économique des Etats-Unis et de la zone euro.
Le baromètre de l’antenne d’Atlanta de la Fed estime que la croissance américaine devrait atteindre 3,2% en rythme annualisé au troisième trimestre.
Dans le même temps, les économistes tablent sur une progression en zone euro de 0,3% seulement sur la même période par rapport au trimestre précédent.
Par ailleurs, pour les analystes de Brown Brothers Harriman, le manque de mesures concrètes de soutien à la consommation en Chine «limite le potentiel des actifs à risque et offre du soutien au dollar».
Lors d’une conférence de presse, samedi, le ministre chinois des Finance, Lan Fo’an, a évoqué des émissions de dette souveraine pour soutenir les banques du pays, mais n’a rien dit d’initiatives pour stabiliser le marché immobilier ou redonner confiance aux consommateurs.
Pour Brad Bechtel, l’avancée du billet vert pourrait se confronter prochainement à un seuil technique important, à savoir la moyenne des 200 derniers jours de cotation, soit 1,0874 dollar.
Mais, pour lui, «le dollar est proche de la fin de sa remontée» face aux grandes devises. «Je pense qu’on va se stabiliser et consolider», anticipe l’analyste.
Brad Bechtel n’attend pas de mouvement significatif après la décision de la BCE et la conférence de presse de sa présidente, Christine Lagarde, jeudi.
«Il faudrait qu’elle soit très offensive (...) ou très accommodante» pour que le marché réagisse de façon notable, estime-t-il.