Quelque 578 sociétés ont mis la clé sous la porte en octobre, un bond de 31,7% sur un an. Depuis le début de l’année, ce chiffre atteint 5518, une envolée de 34,9%.
Le nombre de faillites enregistrées en Suisse a continué d’augmenter en octobre. Une vague de dépôts de bilan est attendue pour cet exercice, après deux années où les crédits Covid ont soutenu les entreprises en difficultés.
Quelque 578 sociétés ont mis la clé sous la porte en octobre, un bond de 31,7% sur un an, a indiqué lundi Creditreform dans un communiqué. Depuis le début de l’année, ce chiffre atteint 5518, une envolée de 34,9%, selon les spécialistes du recouvrement.
«Nettement moins de faillites ont été enregistrées lors des deux années de la pandémie de coronavirus (2020 et 2021), grâce aux aides publiques dont ont bénéficié les entreprises», a souligné Creditreform.
Les secteurs les plus touchés par les faillites sont la construction, le commerce de gros et de détail, ainsi que la restauration et l’hôtellerie.
L’évolution géographique est cependant très disparate. Alors que de fortes hausses ont été enregistrées dans les cantons de Zoug (+63,1%), Schwytz (+32,6%), Soleure (+25,5%), Lucerne (+47,3%), Zurich (+33,4%) et en Argovie (+26,4%), les cantons de Berne (-5,3%), St-Gall (-12,4%), Genève (-17%), Vaud (-10,4%) et du Valais (-21,4%) ont vu ce nombre reculer depuis le début de l’année, comparé à la période d’avant la pandémie.
Pour l’ensemble de l’année, Creditreform s’attend à ce que 6620 firmes mettent la clé sous la porte, ce qui représenterait une augmentation de 29,3% comparé à l’année précédente.
Côté créations d’entreprises, 3859 (+4,4%) nouvelles entités ont été enregistrées en octobre et 40’945 depuis le début de l’année (-1,2%). Ce chiffre devrait reculer à 48’800 (-3,6%) sur toute l’année 2022, selon les projections de Creditreform.
Malgré des taux de succès honorables et l’impact économique de deux années de pandémie, rares sont les entreprises helvétiques en difficultés à avoir opté jusqu’à présent pour un sursis concordataire. L’écrasante majorité préfère tenter de redresser leurs finances en dehors du cadre des tribunaux en négociant directement avec leurs créanciers ou actionnaires.
Prêts Covid ou chômage partiel ont en outre permis d’absorber pour le moment les conséquences économiques pour de nombreuses entreprises, constate une étude publiée lundi par le cabinet Alvarez & Marsal.
Entre 2019 et 2021, seules 1,5% des sociétés menacées de banqueroute ont choisi le sursis concordataire pour sursoir au dépôt de bilan. Le phénomène s’est ainsi confirmé y compris au sortir de la pandémie de Covid. Sur la seule année dernière, seuls 52 sursis concordataires ont ainsi été recensés par les auteurs de l’étude, sur près de 3300 procédures de faillites.
Le taux de succès pour les procédures s’élevait pourtant à 58% en 2019, 54% l’année d’après et 33% l’année dernière. Le déclin n’est ici qu’apparent, les démarches jusqu’à une issue heureuse ou non nécessitant un certain temps, expliquent les auteurs du rapport.
«La recherche de solutions en dehors des tribunaux est privilégiée par de nombreux protagonistes, pour la marge de manoeuvre qu’elle offre en l’absence de cadre juridique ou d’administrateur», relève pour AWP Alessandro Farsaci.
La procédure nécessite de surcroît elle aussi un certain niveau de consensus entre les différentes parties prenantes. Une cour ou un administrateur ne pourra ainsi pas forcer un propriétaire à alléger un loyer, étaie l’expert.
Elle présente toutefois l’indéniable avantage de signaler clairement aux créanciers la gravité d’une situation donnée, laissant entendre que l’alternative à l’élaboration d’une solution concertée déboucherait sur une faillite désordonnée.
Les procédures de sursis concordataires n’étant pas soumises à obligation de publication, les experts d’Alvarez & Marsal ont démarché 110 tribunaux d’arrondissement, pour un taux de réponse de l’ordre de 80%.