L’Institut national de la statistique a dit mardi s’attendre à une croissance plus poussive de l’activité économique française au premier trimestre, pénalisée par les économies budgétaires et sur fond de guerre commerciale lancée par les Etats-Unis.
Le produit intérieur brut (PIB) de la France devrait croître de 0,1% entre janvier et mars par rapport aux trois mois précédents, contre +0,2% attendu jusqu’ici, a indiqué l’Insee dans sa note de conjoncture.
L’Institut table toujours sur une hausse de 0,2% au deuxième trimestre, horizon de ses projections.
En 2024, «le retournement de l’investissement (...) a été compensé par l’accélération des dépenses publiques. Toutefois, ce facteur de soutien s’inverse en 2025 car la France entame, avec retard par rapport à ses voisins européens, sa consolidation budgétaire», a expliqué Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture, à la presse.
Le gouvernement prévoit un effort budgétaire d’environ 50 milliards d’euros en 2025, en coupant principalement dans les dépenses de l’Etat et en augmentant la fiscalité sur les grandes entreprises et les ménages les plus aisés.
Il maintient son ambition de réduire le déficit public à 5,4% du PIB, contre environ 6% en 2024, malgré la possibilité d’une croissance annuelle plus molle qu’anticipé et la hausse annoncée des dépenses militaires face à la menace russe.
Selon l’Insee, la consommation des ménages tirerait la croissance au premier semestre (+0,4% au premier trimestre et +0,2% au deuxième).
Relativement épargnés par le tour de vis budgétaire, ceux-ci gagneraient du pouvoir d’achat grâce aux hausses salariales et des retraites, ainsi qu’au repli marqué de l’inflation.
Les investissements des entreprises resteraient moroses (+0,2% au premier trimestre puis -0,4%). Davantage touchées par les mesures d’économies, les entreprises doivent aussi affronter des conditions de financement difficiles et un environnement international imprévisible, avec les menaces du président américain Donald Trump de relever les droits de douane.
Ces droits de douane pourraient amputer la croissance du commerce mondial de 0,1 point à 0,6% au premier trimestre, et de 0,4 point à 0,3% au deuxième.
Enfin, les dépenses publiques subiraient un coup de frein en raison de la loi spéciale, destinée à pallier l’absence de budget, qui les a limitées début 2025.
L’Insee n’a pas fourni de prévision de croissance du PIB pour l’ensemble de 2025. Après 1,1% de croissance l’an dernier, la Banque de France a abaissé sa prévision de hausse du PIB pour cette année à 0,7% tandis que le gouvernement table sur 0,9%.