BCE: le secteur financier pourrait payer cher une «prise de risque excessive»

AWP

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Le superviseur des banques en zone euro Andrea Enria réagit aux récents scandales liés aux opérations financières auprès d’entreprises très endettées, telle Archegos.

Les banques et un écosystème parallèle d’investisseurs pourraient payer cher leur forte exposition à des opérations financières auprès d’entreprises très endettées, à l’instar du récent scandale du fonds Archegos, a prévenu vendredi le patron de la supervision des banques en zone euro.

L’environnement financier caractérisé par l’interconnexion entre les banques et le secteur bancaire parallèle (hedge funds, family office...) court le danger d’«une prise de risque excessive», a déclaré Andrea Enria, président du superviseur des grandes banques de la zone euro logé au sein de la Banque centrale européenne.

Malgré les turbulences boursières qui ont accompagné le déclenchement de la pandémie du COVID-19, la BCE a observé une «exubérance continue sur ces marchés» qui est «préoccupante», selon M. Enria.

Les banques «n’ont pas suffisamment répondu à nos appels à la prudence», a-t-il regretté.

La forte activité sur le marché des opérations à effet de levier - qui recouvrent les financements à des entreprises très endettées- et les marchés des produits dérivés liés aux actions «menace de laisser les banques trop exposées à des ajustements soudains et corrections des prix des actifs», a prévenu le banquier central.

Il a fait allusion au «cas très discuté d’Archegos», un family office fortement endetté qui a pris position sur un portefeuille d’actions avec l’aide de grandes banques lui offrant des services de courtage (prime brokerage).

La retentissante déroute du fonds new-yorkais fin mars a coûté plus de 10 milliards de dollars aux banques mondiales, dont une grosse part supportée par le Credit Suisse.

L’avertissement du superviseur intervient alors que ce dernier a auparavant permis aux banques de puiser dans leurs fonds propres réglementaires et volants de liquidité pour qu’elles aient plus de latitude à prêter et absorber les pertes, évitant ainsi de compromettre les chances d’une reprise de l’économie.

Néanmoins, l’institut veut «prêter une attention particulière aux signes avant-coureurs d’une augmentation de l’endettement, de la complexité financière et de l’opacité» génératrices de risques.

A fin 2020, plus de la moitié des prêts à effet de levier provenant de grandes banques en zone euro les plus actives dans ce secteur présentaient un facteur de levier - soit le multiplicateur entre la dette de l’emprunteur et son résultat d’exploitation (EBITDA) - de plus de six, quand la BCE fixe un plafond à quatre au-delà duquel le risque pris est excessif.

En outre, bien des prêts comportaient des clauses restrictives («covenants» en anglais) trop légères voire inexistantes, laissant les banques à la merci d’emprunteurs défaillants.

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