Bond du pétrole et de l’or, recul des actions, taux d’intérêt en hausse... les marchés sont secoués vendredi par l’escalade militaire au Moyen-Orient, provoquée par plusieurs frappes aériennes d’Israël contre des infrastructures nucléaires et militaires en Iran.
Après avoir bondi de plus de 12% dans la nuit, le cours du baril de WTI nord-américain progressait toujours de 5,89% à 72,05 dollars vers 15H50 GMT vendredi. Le baril de Brent de la mer du Nord grimpait quant à lui de 5,68% à 73,30 dollars.
«Un conflit dans le Golfe pourrait perturber le trafic dans l’une des principales voies maritimes mondiales et interrompre l’approvisionnement en pétrole d’une région à l’origine d’environ un quart de la production mondiale», explique Ricardo Evangelista, analyste financier d’ActivTrades.
Dans ce contexte de tensions, les valeurs refuges sont recherchées par les investisseurs. La première d’entre elles, l’or, grimpait ainsi de 1,12% à 3424 dollars l’once (31,1 grammes). L’actif évoluait proche de son dernier record de 3500 dollars l’once, atteint en avril dernier.
Côté actions, les bourses ont souffert: sur le Vieux Continent, Paris a lâché 1,04%, Francfort 1,07% et Milan 1,28%. Londres a cédé 0,39%. A Zurich, le SMI a perdu 1,44%.
A Wall Street, vers 15H50 GMT, le Dow Jones perdait 0,86%, l’indice Nasdaq lâchait 0,46% et l’indice élargi S&P 500 se contractait de 0,35%.
«Lorsque ce type d’événement survient, il y a des craintes de stagflation sur les marchés, mélange de faible croissance et d’inflation provoquée par la hausse des prix des énergies fossiles», relève Kevin Thozet, membre du comité d’investissement chez Carmignac, interrogé par l’AFP.
Les rendements des emprunts d’État grimpaient, les investisseurs estimant que cette «stagflation» rend plus difficile de futures baisses des taux des grandes banques centrales, alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) se réunit la semaine prochaine.
Vers 15H40 GMT, le taux d’intérêt américain à dix ans atteignait ainsi 4,42%, contre 4,36% la veille en clôture. Son équivalent allemand, référence en Europe, atteignait 2,53%, contre 2,47%.
«L’attention se porte désormais sur la forme que pourraient prendre les représailles de l’Iran», commente Jim Reid, économiste de Deutsche Bank.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a qualifié l’attaque de «déclaration de guerre», et appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à réagir. Les forces armées de Téhéran ont averti qu’elles n’auraient «pas de limites» dans leur riposte.
Le président américain Donald Trump a lui exhorté vendredi Téhéran à «conclure un accord avant qu’il ne reste plus rien», prévenant que les «prochaines attaques» seraient «encore plus brutales».
«Cette situation pourrait potentiellement dégénérer en guerre ouverte, avec des conséquences imprévisibles pour la région du Golfe», estime Ricardo Evangelista.
Le dollar, qui souffre depuis plusieurs mois, en raison du désamour des investisseurs envers les actifs américains à cause des menaces protectionnistes de Donald Trump, s’est quelque peu repris, face à l’euro, après les frappes d’Israël contre l’Iran.
Vers 15H50 GMT, le billet vert prenait 0,24%, à 1,1559 dollar pour un euro.
La devise américaine est «soutenue par une préférence pour des devises plus sûres, malgré des inquiétudes persistantes quant à sa stabilité à long terme», constate Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill.
La monnaie unique européenne souffre du fait que «les Européens sont davantage exposés à une hausse des prix du pétrole, car ils importent la quasi-totalité de leurs hydrocarbures», explique Kevin Thozet.
L’aérien recule
De nombreuses compagnies ont supprimé ou dérouté des dizaines de vols vendredi après les frappes israéliennes. Israël, l’Iran, mais aussi l’Irak et la Jordanie ont fermé leur espace aérien, provoquant l’annulation de nombreux vols vers et depuis le Moyen-Orient, ou survolant la région.
Les groupes du secteur dévissaient donc en Bourse, à l’image de United Airlines (-2,87%) American Airlines (-3,12%) et Delta (-2,04%) à Wall Street. En Europe, AirFrance-KLM a perdu 4,74%, Lufthansa 2,74% et Easyjet 2,65%.