Les marchés boursiers positivent mais s’interrogent après la Fed

AWP

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Sans être véritablement comblées, les Bourses européennes restaient optimistes vers 11h20: Paris (+1,23%), Londres (+1,17%), Francfort (+0,80%), Madrid (+0,63%) et Milan (+0,87%).

Les marchés boursiers en Europe et Asie continuaient de positiver mercredi après le choc monétaire de la Réserve fédérale américaine qui suscite toutefois beaucoup de questions chez les investisseurs préoccupés par les conséquences économiques de l’épidémie.

Les grandes bourses asiatiques ont clôturé mercredi en petite hausse.

Sans être véritablement comblées, les Bourses européennes restaient optimistes mercredi vers 11H20: Paris (+1,23%), Londres (+1,17%), Francfort (+0,80%), Madrid (+0,63%) et Milan (+0,87%).

La réponse rapide de la Fed, une baisse surprise de ses taux de 0,5 point de pourcentage, bien que poussée par les marchés actions eux-mêmes, n’avait cependant pas réussi à rassurer Wall Street mardi.

Les investisseurs, qui s’attendaient certes à une baisse des taux directeurs mais pas avant la prochaine réunion de la Fed des 17 et 18 mars, ont interprété cette annonce précoce comme révélatrice d’une situation bien plus délicate qu’escompté.

Nombreux sont les analystes relevant cette incohérence des marchés qui ont forcé la Fed à agir tout en doutant de l’effet d’une réduction des taux directeurs sur l’économie que lamine peu à peu l’épidémie de coronavirus.

Cette dernière a fait quelque 3.200 morts dans le monde et paralyse l’activité. Les investisseurs se demandent aussi ce que fera la Fed si la situation économique et sanitaire devait encore se dégrader.

En fait, «les investisseurs espéraient une réponse plus coordonnée au niveau mondial à la crise du coronavirus», explique Pierre Veyret, analyste chez ActivTrades, mais ils ont dû se contenter d’une communication peu éclairante des grands argentiers du G7.

Les acteurs de marché «s’attendaient également à une relance budgétaire qui, selon le ministre français des Finances Bruno Le Maire, serait plus forte que tout stimuli monétaire», ajoute cet expert.

M. Le Maire a rappelé mercredi que la possibilité de recourir à la relance budgétaire figurait sur le communiqué diffusé la veille par le G7, le groupe des sept économies les plus riches (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon).

Si la politique monétaire peut aider en allégeant les coûts de financement, les investisseurs considèrent que des taux d’intérêt plus bas ne seront pas très efficaces pour régler les problèmes d’offre.

«Malgré le fait que la politique monétaire ne peut pas réparer les chaînes d’approvisionnement, guérir une maladie ou inciter les gens à aller boire du vin et à dîner deux fois en une seule soirée pour compenser l’activité du secteur des services précédemment perdue, la baisse des taux aide en termes de financement des consommateurs et des entreprises», observe Christian Scherrman, économiste de DWS.

La Fed n’est pas la seule à avoir assoupli sa politique monétaire puisque les banques centrales australienne et malaisienne ont déjà annoncé une baisse de leurs taux directeurs. La Banque du Japon et la Banque d’Angleterre ont dit se tenir prêtes à agir aussi.

A la suite de la décision de la Fed, il y a fort à parier que la Banque centrale européenne annonce aussi des mesures lors de sa réunion de la semaine prochaine alors que l’économie de la zone euro n’est pas dans une forme resplendissante.

Manque de visibilité

«La réponse des banques centrales devrait calmer les marchés financiers pour un temps», estime Christopher Dembik, responsable de la recherche économique à Saxo Banque.

Car «le manque de visibilité domine», rappelle Franklin Pichard, directeur général de Kiplink Finance.

Pour l’instant, il est trop tôt pour quantifier précisément l’impact du coronavirus sur l’économie mondiale mais l’OCDE a d’ores et déjà prévenu que la croissance ne devrait pas dépasser 2,4% cette année dans le meilleur des cas. Soit le rythme le plus faible depuis 2009.

La panique s’est emparée des marchés actions dans la seconde moitié de février face à la propagation de l’épidémie en dehors de Chine, qui subit pour sa part ses conséquences économiques depuis début janvier.

«Le réel impact de l’épidémie de coronavirus ne sera connu qu’à partir de fin mars lorsque les économies du monde entier publieront leurs statistiques économiques pour le troisième mois de l’année», calcule de son côté Vincent Boy, analyste marché chez IG France.

En Chine, l’activité dans les services s’est effondrée en février, comme dans le secteur manufacturier, ce qui n’est pas surprenant dans un pays paralysé par l’épidémie qui force beaucoup de travailleurs et consommateurs à rester calfeutrés chez eux.

«Les opérateurs vont devoir s’habituer dans les prochaines semaines à une accumulation de mauvaises statistiques au niveau mondial qui vont rappeler que le choc sur l’offre et le choc sur la demande résultant du coronavirus est encore loin d’être terminé», prévient M. Dembik.

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