Les marchés boursiers reculaient fortement vendredi après l’annonce d’une inflation nettement plus forte qu’attendu aux Etats-Unis, où elle risque de causer un durcissement des conditions monétaires avec de nouvelles hausses des taux.

Wall Street évoluait en nette baisse: vers 16H50 GMT, le Dow Jones reculait de 0,91%. En route vers leur pire semaine depuis décembre, le S&P 500 cédait 1,03% et le Nasdaq 1,55%.

En Europe, après une ouverture en hausse, les indices ont terminé nettement dans le rouge: Paris a perdu 1,78%, Francfort 1,72%, Milan 1,07% et Londres 0,37%. A Zurich, le SMI a cédé 0,59%.

L’inflation est repartie en hausse sur un an aux Etats-Unis, selon l’indice PCE, privilégié par la Réserve fédérale américaine (Fed). Les prix ont augmenté de 5,4% en janvier par rapport à un an auparavant, toujours loin de la cible de 2% de l’institution. 

Plus notable encore pour les investisseurs, ce chiffre est nettement supérieur à leurs prévisions, qui tournaient autour de 4,9%. 

Ces chiffres «renforcent les paris sur des hausses de taux directeurs de la Fed lors des trois prochaines réunions», écrit Edward Moya, analyste d’Oanda. D’autant plus que «le consommateur américain a encore l’air en forme», à en juger selon lui par la nette progression des revenus et des dépenses publiée lors du même rapport PCE. 

La hausse du taux directeur est l’outil principal des banquiers centraux pour tenter de maîtriser l’inflation, au prix d’un ralentissement de l’activité économique. 

«Les investisseurs sortent progressivement du déni», note Benoit Gérard, de Natixis IM. Ils prévoient désormais un resserrement monétaire plus fort que quelques semaines auparavant, plus en ligne avec les déclarations des banquiers centraux. 

Sur le marché obligataire, les taux remontaient en Europe comme aux Etats-Unis, notamment ceux pour les échéances courtes, les plus sensibles aux politiques des banques centrales. 

En Europe, l’évolution du Produit intérieur brut de l’Allemagne au quatrième trimestre 2022 a été revue à la baisse, à -0,4%.

Boeing perdait 4,85%, après l’annonce d’une nouvelle suspension de la livraison de ses appareils long-courriers 787 - déjà interrompue plusieurs mois en 2021 et 2022 pour des malfaçons-, selon l’agence américaine supervisant l’aviation.

Les actions des entreprises technologiques, sensibles aux conditions de financement car le coût de l’argent réduit les perspectives de résultats et donc la valorisation de leur cours en Bourse, basée sur leur croissance, baissaient fortement. 

Les mégacapitalisations du Nasdaq perdaient autour de 2%, d’Amazon à Apple en passant par Meta et Microsoft. Tesla lâchait 3,33%, Nvidia 1,95%.

le géant allemand de la chimie BASF, frappé de plein fouet par la hausse des coûts de l’énergie va fermer plusieurs unités de production sur son site historique et supprimer au total 3.300 postes dans le monde. L’entreprise va mettre fin à son programme de rachat d’actions lancé en janvier pour 3 milliards d’euros et consommé pour moitié depuis. L’action a chuté de 7,86%. 

Les prix du pétrole progressaient vers 16H30 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril gagnait 0,65% à 82,75 dollars et celui de WTI américain à même échéance 0,77% à 75,97 dollars. 

Le prix du gaz naturel européen était stable à 50,70 euros le mégawattheure. 

Sur le marché des changes, le dollar se renforçait face aux principales autres devises vers 16H30 GMT. L’euro baissait de 0,43%, à 1,0550 dollar. La livre cédait 0,61% à 1,1940 dollar.

Le yen reculait de 1,20% face au dollar, à 136,31 yens pour un dollar. Le prochain gouverneur désigné de la Banque du Japon, Kazuo Ueda, a pris position en faveur la poursuite de la politique monétaire ultra-accommodante en place depuis 10 ans. Cela a aussi fait progresser la Bourse de Tokyo de 1,29%.

Le bitcoin baissait de 2,75% à 23.220 dollars.