Le pétrole s’enflamme avec les craintes d’une attaque sur les infrastructures iraniennes

AWP/AFP

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Le Brent termine sur un bond de 5,03% à 77,62 dollars et le WTI finit sur une poussée de 5,15% à 73,71 dollars.

Les cours du pétrole se sont envolés jeudi au diapason des inquiétudes du marché quant à de possibles frappes israéliennes sur des infrastructures iraniennes, qui marquerait un tournant.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a gagné 5,03%, pour clôturer à 77,62 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) avec échéance en novembre a lui pris 5,15%, à 73,71 dollars.

Les deux variétés sont remontées à leur plus haut niveau depuis un mois.

Déjà orientés à la hausse, les cours ont accéléré après une déclaration, à la volée, du président américain Joe Biden, lors d’un bref échange avec la presse.

Interrogé sur sa position quant à une possible attaque d’Israël sur des sites pétroliers en Iran, le chef de l’Etat a répondu qu’il était «en discussion» avec le gouvernement israélien sur le sujet.

«Je pense que ce serait un peu... Bref», a poursuivi Joe Biden, évasif, au sujet de la riposte attendue d’Israël à la centaine de missiles iraniens qui ont visé son territoire mardi.

L’Iran a produit 3,4 millions de barils par jour en août selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

«Plus que tous les autres événements de ce type que j’ai vu dans ma carrière, je me dis que celui-ci pourrait vraiment faire du vilain», a commenté Bill O’Grady, de Confluence Investment, qui couvre le marché depuis 35 ans.

En cas de dommages sur ses infrastructures, l’Iran pourrait «fermer le détroit d’Ormuz», unique point de passage pour les exportations maritimes de plusieurs producteurs majeurs du Moyen-Orient, estime l’analyste.

Des navires de guerre américains sont stationnés dans la zone et pourraient intervenir, «mais cela n’a jamais été fait auparavant», prévient Bill O’Grady. «Et même si le détroit rouvrait, quel serait son niveau de sécurité?», s’interroge-t-il.

Les précédents d’attaques majeures sur des infrastructures pétrolières sont rares.

Sursaut sans lendemain?

En mai 2019, les rebelles houthis du Yémen avaient provoqué la fermeture d’un oléoduc important en Arabie saoudite et, en mars 2022, ils avaient endommagé un site de stockage de la compagnie saoudienne Aramco à Jeddah.

Au début de la guerre entre l’Iran et l’Irak, en 1980, les deux pays avaient chacun bombardé des lieux de raffinage ou de stockage de leur adversaire, occasionnant de graves perturbations dans les flux d’or noir.

«C’était à une époque (le début des années 1980) où l’offre était en surabondance, donc cela n’avait pas vraiment fait réagir le marché», explique Michael Lynch, de Strategic Energy & Economic Research.

«Et c’est aussi le cas aujourd’hui» pour ce qui est de l’offre, poursuit l’analyste. L’Arabie saoudite, à elle seule, dispose de capacités excédentaires estimées à 3 millions de barils par jour environ.

Russie, Etats-Unis, Irak, Emirats arabes unis ou Kazakhstan ont aussi les moyens d’augmenter leur production sans tarder.

«Donc la possibilité de voir l’offre globale se réduire significativement est assez faible, mais c’est la plus sérieuse que l’on ait vu depuis un moment», selon Michael Lynch.

Si l’escalade au Moyen-Orient est bien réelle, beaucoup voient dans les mouvements constatés depuis trois jours sur le marché du brut le résultat d’un mouvement de panique d’opérateurs spéculatifs.

Nombre d’entre eux pariaient, en effet, à la baisse sur les cours du fait des perspectives mitigées de demande en 2025.

L’attaque iranienne sur Israël les a incités à se couvrir contre de lourdes pertes en rachetant en urgence du pétrole, ce qui a contribué à faire flamber les cours.

«Pour moi, les hausses de prix qu’on vient de voir ne vont pas durer», anticipe Michael Lynch. «C’est vraisemblablement un sursaut sans lendemain.»

Le marché reste ainsi plombé par le manque de vivacité de la demande et la perspective d’une augmentation de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses alliés de l’accord Opep+ à partir de décembre.

«La géopolitique, ça va, ça vient», avertit Michael Lynch. «Alors que les fondamentaux du marché, eux, ne changent généralement pas.»

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