La chronique des marchés de Vontobel au 18 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Vontobel

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Dow -0.34%, S&P 500 -0.11%, Nasdaq -0.19%, Russell 2000 -0.05%, SOX -0.08%, Eurostoxx -0.63%, SMI -0.55%.

 

Wall-Street clôture en légère baisse vendredi. Les menaces accrues de guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine pèsent sur les indices, qui parviennent toutefois à réduire leurs pertes en fin de séance. Vendredi, c’est aussi l’échéance mensuelle des options et même l’échéance trimestrielle dite des «quatre sorcières» (options sur indices, options sur actions, contrats à terme, indices sur actions). Cette occurrence entraîne souvent une hausse momentanée de la volatilité, particulièrement en fin de session. Les secteurs de l’énergie et de la technologie sous-performent alors que les titres de consommation poursuivent leur belle progression. Les obligations gouvernementales sont recherchées, sur toutes les échéances de la courbe, le rendement du 10 ans US terminant la semaine à 2.92%. 

Sur la semaine, l’indice S&P500 (SPX) fait du surplace, le Nasdaq gagne encore 1.3%, l’Eurostoxx progresse de 1.67% et le SMI 1.53%. Les rendements obligataires rendent du terrain, surtout en Europe, notons à ce sujet le spread (l’écart de rendement) entre le 10 ans Italie et Allemagne qui se réduit à 219 points de base soit environ 100 points en-dessous de son top durant la crise gouvernementale. Cela indique que le marché se rassure progressivement quant à l’Italie. Les matières premières reculent, l’or et le pétrole d’un peu moins de 2% alors que, sur le front des monnaies, c’est le billet vert qui est le grand gagnant, le dollar progressant de 1.3% contre l’euro et 1.2% contre le franc. La volatilité reflue un peu partout avec une mention à l’Europe. Pour en revenir au SPX, je note que ce dernier ne parvient pas à revenir à son niveau post correction de février, qui se situe à 2786.57 (clôture du 9 mars). C’est un peu comme si on avait planté un panneau indiquant que le passage est interdit. Dans l’autre sens, cela fonctionne aussi avec un niveau légèrement au-dessus de 2760 points que le SPX ne casse pas depuis plus d’une semaine. On peut supposer que le marché a besoin de faire une pause. En parallèle, les bulls (les investisseurs haussiers) apprécieront que peu d’intervenants vendent le marché sur la force, généralement un bon signe. 

Ce matin, les indices européens ouvrent en baisse d’environ 0.4%, l’aversion au risque est de retour, les craintes d’une escalade de la guerre commerciale entre Washington et Pékin étant plus importantes qu’il y a une semaine. On s’inquiète par ailleurs d’une déstabilisation potentielle d’Angela Merkel, voire de son départ provoqué, le ministre de l’intérieur allemand, Horst Seehofer, de la CSU (parti de droite dure allié à la CDU de Madame Merkel) mettant une énorme pression sur la chancelière afin qu’elle durcisse sa politique migratoire. L’Union Européenne, déjà fragilisée par les attaques de Donald Trump, n’a pas du tout besoin d’un problème supplémentaire…

Donald Trump confirme donc  la taxation de 50 Mds$ de produits chinois. Les nouvelles taxes américaines, qui seront imposées sur des marchandises «contenant des technologies très importantes sur le plan industriel», doivent compenser le vol de la propriété intellectuelle et de technologies américaines, affirme le président américain. La Chine réagit immédiatement en annonçant qu’elle instaurera des sanctions identiques à des produits américains importés en Chine. «Nous allons immédiatement prendre des mesures en matière de droits de douane d’une ampleur équivalente», annonce le ministère chinois du Commerce. Pékin appelle également les autres pays à mener «une action collective» contre la conduite des Etats-Unis, qualifiée de «dépassée et rétrograde».
Dans le détail, Washington précise que sur les 50 Mds$ de produits chinois visés, 34 Mds$ seront taxés à partir du 6 juillet. Le Bureau du représentant américain au commerce (USTR) précise dans un communiqué que le second lot de 16 Mds$ d’importations chinoises «sera soumis à un examen supplémentaire» qui comprendra une période de consultations et d’auditions publiques.

Cette semaine sera relativement calme sur le front des statistiques économiques avec toutefois les indices PMIs (Purchasing Manager Index) qui sont importants car nous donnant une bonne idée de l’activité économique à court/moyen terme. Ce sera pour vendredi, aux Etats-Unis et en Europe. Quelques sociétés doivent encore publier leurs résultats trimestriels, dont FedEx, Oracle et Micron Tech. La Banque Nationale Suisse (BNS) prendra sa décision sur les taux d’intérêts jeudi, le marché s’attendant à ce que les taux restent négatifs à 0.75%. Le même jour la Banque d’Angleterre (BoE) fera de même, là encore les analystes prévoient le statu quo. Et bien sûr, nous suivrons de près la guerre commerciale et la situation en Allemagne.

Nous aimons AT&T, encore plus après le rachat confirmé de Time Warner. Les deux sociétés sont complémentaires, AT&T va enfin disposer de contenu de ce nom et l’action présente des ratios très intéressants : p/e (rapport cours / bénéfices estimés) de 9.59, rendement du dividende de 6.13%, price to book 1.37, prochaine publication de résultats le 24 juillet, prochain détachement de coupon le 9 juillet (50 cents brut). De plus, AT&T fait partie du club des dividend aristocrats, club très fermé de sociétés qui ont augmenté leur dividende chaque année depuis 25 ans.

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